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Toujours insaisissable
avec Rodolphe Marconi
Wild Side Video 2008 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 86 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2007, France

Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.75 (couleurs)
Format audio : Français (Dolby Digital 2.0 et 5.1 DTS)
Sous-titres : Aucun

Bonus :
- Scènes coupées (36 mn)
- Projets d’affiches
- Teasers et bande annonce

Inclus : un croquis signé Karl Lagerfeld

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Le refus de faire partie de la réalité des gens et la volonté, plutôt, de rester insaisissable, impalpable, comme une «apparition»… Ce leitmotiv exposé en fin du documentaire par Lagerfeld soi-même, en signe à la fois l’intérêt et l’échec : comprendre que Lagerfeld restera incompréhensible, confidentiel au sens du secret et non de l’intime. Car la seule intimité possible ici est celle du personnage, et non de l’homme.

Mais Rodolphe Marconi a de la chance. Tout comme le designer lui fait bien comprendre que pouvoir filmer la princesse Caroline en train de le saluer et, ensuite, de lui tirer la langue à travers le verre fumé de sa limousine, lors d’une visite à Monaco durant les fêtes, est réservé à quelques happy few seulement, l’aubaine est grande, aussi, de pouvoir coller à la réalité de cette diva (sans insulte ici) de la mode.

Car si Lagerfeld reste pour une grande part toujours masqué derrière le verre fumé qu’il a su poser sur son existence, et ces lunettes de soleil qu’il ne quitte jamais, tout ce décorum fait de mains embagousées, de cols rigides et monacaux (mais pas de cul béni dans la vie de cet homme libre avant tout), de cheveux tirés à quatre épingles et comme peints au Tipex, quelques bribes s’échappent, quelques moments de la vraie vie d’un être invraisemblable : dans le bordel très pensé de son hôtel parisien, bijou Louis XV sis dans le 7ème arrondissement, ou l’austérité grand luxe de sa maison basque, Lagerfeld papillonne. Jamais avare en sentences qui font toujours mouche, sur sa vie, le monde, l’histoire, les gens, il dessine, shoote, crée, voyage beaucoup… et déconne pas mal.

La caméra le suit sur quelques défilés, pour Chanel bien sûr, mais aussi sa propre griffe, et donne quelques bribes de son art : on le voit ici confier que tel défilé lui est d’abord apparu en rêve, son subconscient évacuant dans les songes ce trop plein de mode, bien que la mode, insiste-t-il, n’occupe pas tout son temps et ne résume pas sa vie : car Karl aime aussi la photo et la caméra s’attarde sur le photographe devant ses modèles, les tops et les stars du moment, cet éphèbe aux cheveux blonds, qu’il semble croquer amoureusement… On le découvre ailleurs dans son bureau en panique – le seul endroit chez ce maniaque où la confusion aide la création – en train de dessiner de nouveaux modèles, quelques traits, un peu d’ombre à paupières pour colorer (la poudre aux yeux, chez lui, sert aussi à ça), du Tipex aussi, pour rendre un effet textile : signature et encadrement du tout (c’est son côté Sécession viennoise, explique-t-il) et le tour est joué : les petites mains expertes n’ont plus qu’à se mettre au travail, pour des heures et des heures de confection…

Le réalisateur l’amène à parler de son enfance, celle d’un garçon gâté par une mère «cocasse» qui sut toujours mesurer son affection, des parents «cools», sexuellement volages, qui lui apprirent à accepter avec indifférence son orientation sexuelle. Un petit prince du nord de l’Allemagne, en temps de guerre et d’après-guerre. Karl parle aussi de son besoin de solitude «pour recharger les batteries», loin du tumulte et des miroirs, ce pullulement propre à la mode. Les i-pods s’accumulent sur le marbre de sa cheminée et ses livres nourrissent une bibliothèque impressionnante, dans les rayonnages très «BN» de son chez lui parisien ou les étagères de son bunker en pays basque.

Ce en quoi Lagerfeld nous convainc, c’est de la réalité de son personnage et de la vie qu’il s’est choisie. En cela, il n’apparaît pas comme excentrique mais comme véritablement libre, maîtrisant son existence loin de toute convention bourgeoise. Quelques clichés révèlent ou rappellent le jeune homme superbe qu’il fut et font comprendre qu’il ne sera jamais un vieillard, déjà sublimé dans son propre mythe. Ce en quoi on ne l’envie pas, pas plus qu’on ne l’admire, car tout cela est bien trop lagarfeldien pour être imité, jalousé ou apprécié. Mais, assurément, on le respecte.

Alors qu’un ténor – trois consonnes - de cet art qui n’en est pas un vient de s’éteindre, Lagerfeld poursuit sa luminescence. Ce court documentaire, complété de scènes coupées nombreuses et, certaines, juteuses, le démontre… sans ne rien dévoiler de ce poète… assurément confidentiel…


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 13/06/2008 )
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