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Documentaires -> Culturel |
Le cinéaste sur ses terres avec Raymond Depardon Arte Vidéo 2006 / 25 € - 163.75 ffr. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : 2004, France
Version : DVD 9, Pal, toutes zones
Format vidéo : Couleur
Format image : Ecran 16/9 compatible 4/3
Format audio : Dolby Digital Stéréo
DVD 1
LApproche (1h33min)
Séquences commentées par Raymond Depardon
DVD 2
Le Quotidien (1h25min)
Les Années déclic (1h10min)
- Quoi de neuf au Garet ?
- Séquences commentées par Raymond Depardon
- Interview de Claudine Nougaret
- «Claude Coutard rend visite à jean Mellier», séquence inédite Imprimer
Que ceux qui attendent une réflexion informative sur les transformations du monde paysan passent leur chemin, les «profils» promis par le titre sont tout à fait dépourvus de la dimension sociologique quils évoquent. Plus que de profils, il sagit ici de portraits, de fragments de vies et dimages dagriculteurs ; cest dans les habits du mémorialiste, non dans ceux de lobservateur, que se glisse Depardon. Ces deux films fonctionnent en effet sur un canevas dont la simplicité finit par paraître téméraire à force de dépouillement.
Accompagné dune équipe réduite, le réalisateur est allé visiter des fermes en Haute-Loire, Ardèche, Lozère, et filmer leurs occupants dans leur vie quotidienne. Des rencontres ont lieu, certaines se poursuivent, finissent par générer une certaine confiance, puis de la complicité, avec par exemple un vieux berger taiseux et protestant, un jeune couple fraîchement diplômé un quête dexploitation à reprendre, des agriculteurs quarantenaires et célibataires qui travaillent du soir au matin
Tous ces gens vont finir par accepter ce drôle de parisien cinéaste, à la fois indiscret et pudique, intrusif mais intimidé, et se laisser filmer tels quils sont : natures.
Le premier film, LApproche, montre, si lon peut dire, cette prise de contact, alors que le second Le Quotidien, tente daller plus loin et douvrir le dialogue. Le verbe «montrer» mérite quon sy arrête tant lentreprise est ambiguë, voire inconsciemment contradictoire : la caméra et le cadreur seffacent avec une grande modestie, au point de se faire oublier devant ce à quoi ils assistent ; en même temps, on peut difficilement dire «montrer» devant ces fragments épars de vies, filmés en plans fixes au ras des tables de cuisine, enregistrant de longues conversations incompréhensibles en patois, des personnages hors champ, des bribes dengueulades dont on ne comprend ni le sujet ni le contexte, des intrusions de personnages dont on ne connaît ni lidentité ni le rôle, de brèves apparitions tout aussi elliptiques, dautres quon ne reverra plus
On est aux antipodes de lexplication de situations ; cest uniquement voir qui intéresse la caméra contemplative de Depardon, voir des dégaines, des manières de bouger, des manières de sadresser la parole - ou de ne rien dire ! -, donner à voir un temps et un rythme hors du temps, sans explication ni commentaire, sans même la volonté douvrir sur la connaissance dun monde inconnu. Cest dailleurs là que lentreprise révèle son motif caché en même temps que sa limite : Depardon est lui-même fils de paysan, de son propre aveu culpabilisé «dêtre parti», monté à Paris, devenu photographe et cinéaste
Il revient ici à ses racines avec infiniment de respect et de sincérité, mais aussi avec une émotion informulée qui le porte à se laisser subjuguer par son objet, comme sil suffisait denregistrer en vrac lieux, gestes et visages pour se rapprocher de ses héros et faire uvre de témoignage. Il y a des scènes poignantes dans Profils paysans, comme lenterrement, à la fin du premier film, de Louis Brès, le vieux paysan quon a appris à connaître ; cette conversation sur le célibat, dans une grange où lon bat le foin ; où encore la dernière promenade dune femme de 80 ans, belle malgré le tremblement incessant de ses mains, devant sa ferme bientôt vide. Mais cet hommage à la vie paysanne et à ceux qui la font (il faut voir cette interview, dans la plus pure esthétique populaire, dun agriculteur en pieds à coté de son tracteur !) souffre dune absence de ligne directrice et dun montage pour tout dire assez énigmatique.
Compensant heureusement cette faiblesse, les bonus de séquences commentées par le cinéaste, pleines dincidentes sur la technique et le travail du documentariste, savèrent passionnants et donnent un éclairage véritablement enrichissant sur la réalisation du film.
Jean-Baptiste Perret ( Mis en ligne le 07/03/2006 ) Imprimer
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