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Pasolini, scénariste

Carlotta Films 2004 /  30  € - 196.5 ffr.
Durée film 210 mn.
Classification : Tous publics

Ce double DVD comporte deux films : Une vie violente et Ostia

Une vie violente
Réalisateur : Paolo Heusch et Brunello Rondi
Avec Franco Citti, Serena Vergano

Sortie Cinéma : 1962, Italie

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 4/3 N&B
Format image : 1 : 33
Format audio : Italien. Mono. Dolby Digital
Sous-titres : français

Public : Tous publics
Genre : Drame


Ostia
Réalisateur : Sergio Citti
Avec Franco Citti, Laurent Terzieff, Anita Sanders, Ninetto Davoli…

Sortie Cinéma : 1970, Italie

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 16 / 9 compatible 4/3
Format image : 2 : 35
Format audio : Italien. Mono. Dolby Digital
Sous-titres : français

Public : Public averti
Genre : Fable subversive

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Une vie violente et Ostia sont tous deux adaptés de romans de Pier Paolo Pasolini, qui participe aux deux scénarios. Si les réalisateurs sont plutôt considérés comme cinéastes mineurs, ces deux films témoignent de l’influence de Pasolini. Une vie violente est proche d’Accatone ou de Mamma Roma. Sergio Citti, le réalisateur de Ostia, croise Pasolini pour la première fois en 1951 et devient son « consultant linguistique ». A partir de 1959, il collabore à tous les scénarios de Pier Paolo Pasolini. Il travaille également avec Fellini et Bertolucci et réalise une dizaine de films.

Une vie violente

Drame social, proche du néoréalisme dans son traitement et son sujet, Une vie violente raconte l’itinéraire d’un petit voyou, Tommaso, au cœur de Rome. Avec ses camarades, prolétaires de banlieue, il s’ennuie et cherche quelques sous. Alors ils prennent la route dans une voiture volée, attaquent un pompiste dans une station service isolée, dépouillent un couple dans une riche voiture, repartent au volant de la berline… Une vie violente est un film où le récit emprunte un unique fil narratif en suivant la vie de Tommaso : les méfaits de sa bande, la rencontre avec une jeune femme, la drague au cinéma, le coup de poing, l’isolement à l’hôpital pour soigner une tuberculose, le retour à la vie simple, les aléas amoureux, la conversion politique, la visite au curé pour demander conseil pour un mariage, l’acte héroïque pour se jeter à l’eau et sauver une femme lors d’une inondation, la toux qui reprend, l’alitement, l’adieu aux amis.

A travers la petite vie du personnage, Une vie violente est un portrait d’une classe prolétaire dans l’Italie des années soixante, où l’on construit des grands immeubles populaires dans des zones de banlieues en bordure d’immenses terrains vagues, où la présence du fascisme n’est pas effacée, où l’on cherche du travail, où l’on hésite entre le communisme et la démocratie chrétienne.

Une manifestation politique s’arrête sous les fenêtres de l’hôpital, la police cherche deux leaders, Tommaso alors en traitement médical les aide à s’enfuir. Une autre fois, errant dans un terrain vague, il assistera sans agir à l’agression d’un vagabond. Lutte politique ou résignation. Petite vie sans lutte : petite misère ?


Ostia

Un jour, cinq jeunes marginaux trouvent une inconnue étendue dans l’herbe. Est-elle morte ? Non, le simplet crie. Elle a bougé les yeux ! Alors, les cinq marginaux la recueillent. Ostia est une étrange fable, qui traverse leur petite vie misérable.

Deux frères se saoulent, lapent la nappe trempée de vin et là-haut que font-ils, les autres ? Droit de cuissage ? Rappel à la vie de la pauvre inanimée ? Plus tard, les deux frères montent se coucher, il y a deux lits dans la chambre, la fille occupe l’un d’eux, elle est vivement poussée hors du lit, elle occupera le sol ! Pourtant, elle ne les haïra pas.

Les deux frères, inséparables, se souviennent d’un animal de compagnie, un mouton, égorgé par leur père ; ils se souviennent d’une troupe de soiffards occupés à manger la pauvre bête ; ils se souviennent d’un père saoul les obligeant à chanter debout sur la table de la chambre un chant révolutionnaire ; ils se souviennent du père poussé par la fenêtre par leurs petites mains.

La mignonnette blonde traverse aussi ses souvenirs ; des promenades innocentes en campagne ; un père aimant, un père voyeur, un père qui la sauve des bras d’un soldat violeur. Mais l’étreinte du père et de la fille, là-bas au fond du champ, qu’est-elle vraiment ?

Un jour, les deux frères et la belle sont sur l’eau dans une barque. Un bateau de pécheurs au loin avertit d’un danger, d’un sortilège… Ellipse. Ils sont en prison, les frères. Ils se battent. Lutte à mort ? Non, corps à corps sec et vif, comme une répétition avant la tragédie finale. Puis, elle vient, la belle, au parloir, les embrasser. Mais furtivement, naïvement, elle a indiqué une préférence pour l’un des deux. Cet acte léger, presque anodin, est comme l’introduction d’une différence entre les deux frères, l’amorce de la fin du conte, cruel, en bord de mer, quand toute l’étendue du monde semble pourtant apaisée. Mise à mort. Déchirement. Séparation du double, rivalité mimétique portée à son paroxysme. Les deux frères sont là : l’un pour la vie, l’autre pour la mort.

Une nouvelle Eve ; deux frères, figures du Double ; une prison ; des interdits transgressés (parricide, viol, inceste) ; un groupe de marginaux, reste grotesque d’une horde primitive… Personnages et thèmes traversent le lieu du mythe. Ostia est un film fragmenté, elliptique où la forme laisse un sens énigmatique : retours en arrière pour laisser venir la petite folie des personnages, leur maladie tragique ; plans serrés de lieux à peine tremblants juxtaposés pour donner forces aux objets et pourtant casser l’unité de l’espace ; apparente beauté sereine de la plage, blessée par la cruauté et la subversion. Ostia est un film troué.


Benoît Pupier
( Mis en ligne le 03/11/2004 )
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