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Ma mère
avec Christophe Honoré, Isabelle Huppert, Emma De Caunes, Louis Garrel
Aventi Distribution 2005 / 22 € - 144.1 ffr.
Durée film 107 mn.
Classification : - 16 ans |
Sortie Cinéma : 2004, France
Version : DVD9 / Zone 2
Format image : 1:77 :1 compatible 16/9
Format audio : Français Dolby Digital 5.1
Bonus :
Entretien avec Christophe Honoré (28mn)
Scène coupée (2mn30)
Fin alternative avec préface du réalisateur (6mn30)
Film annonce (1mn40)
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Christophe Honoré, dont c'est le second film après 17 fois Cécile Cassard, continue dans une veine érotico-littéraire qui serait une sorte de fusion entre Alain Robbe-Grillet et François Ozon.
Ma mère est le film d'une obsession incestueuse. Pierre (Louis Garrel), 17 ans, se place dès les premières minutes du film comme le rival de son père, à la recherche des faveurs d'une mère (Isabelle Huppert) dont le comportement n'a pas grand-chose de maternel.
La mort très rapide de ce père libère les retenues qu’Hélène, la mère, pouvait encore avoir envers son fils. Et elle entreprend rapidement de lui ouvrir les yeux sur son obsession. A commencer par le fait qu'elle ne la mérite pas, cette obsession, car elle est, de son propre aveu, répugnante. Toutefois, elle attend de lui qu'il l'aime tout autant dès lors qu’elle lui aura montré toutes ses déviances…
A partir de là, entre deux adagios de Barber utilisés pour, subtilement, montrer le désarroi de cet adolescent, Christophe Honoré prend plaisir à filmer l'amante de sa mère le déniaiser en commençant par lui lécher l'anus ou se livrer à diverses séances sado-masochistes allant jusqu'à la torture. Avec un brin de remord tout de même…
Outre le côté malsain de la chose, le problème du film est que son réalisateur ne s'intéresse finalement que peu à ses personnages, et cela, au profit de leurs déviances. Il ne réussit donc pas à nous faire partager cette quête de soi ou ce désespoir qui pourrait nous les rendre attachants, ou tout au moins, créer ce début d'empathie nécessaire pour que l'on s’intéresse à eux.
A peine s'attache-t-il à Hansi (Emma De Caunes), dont l'histoire aurait mérité d'être plus développée. Elle a vécu sous la domination de la mère de Pierre, qui l'a initiée à tous ses jeux sexuels. A son tour, elle en a ensuite initié et dominé d'autres, de la même manière que les enfants battus reproduisent ce qu'ils ont connu auprès de leurs propres enfants. Mais elle vit toujours dans la peur de la sanction, et dans la recherche de l'approbation d'Hélène.
Les deux apartés sur la fascination mystique de Pierre laissent le spectateur incrédule. Son voyage dans le désert et ses réminiscences bibliques (le dialogue de Jésus avec le diable), ou bien sa fabrication d'une croix avec la couverture d'un roman pour prier frénétiquement sont autant de séquences dont peut questionner la pertinence. Mais elles n’empêchent pas Christophe Honoré de garder le cap vers son final, qu’il concocte comme une ultime provocation...
Tout au long du film, Christophe Honoré provoque, filme des corps nus, des actes sexuels extrêmes, et des tortures sans vraiment chercher de justifications, en utilisant simplement pour prétexte l'adaptation du roman de George Bataille. On pourra regretter que la provocation présente ici ne serve donc pas d'autres buts que la provocation elle-même, ce qui la rend, par essence, inutile.
Le film aura cependant le mérite de démontrer une nouvelle fois tout le talent d'Emma De Caunes. Son personnage, bien que moins présent, bénéficie du meilleur développement, et cela compte dans la conviction de son interprétation. Sa présence électrise chacune de ses séquences et elle parvient à rendre les comédiens qui jouent avec elle, et en particulier Louis Garrel, meilleurs. C'est à cela qu'on reconnaît les grandes comédiennes.
Daniel Beziz
( Mis en ligne le 18/04/2005 )
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