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Films  ->  Drame  
Une tragédie sociale
avec Kenji Mizoguchi, Kyoko Kagawa, Yoko Minamida, Kazuo Hasegawa
Films sans frontières 2005 /  32.62  € - 213.66 ffr.
Durée film 220 mn.
Classification : Tous publics

Version : 2 DVD 9/ Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (noir et Blanc)
Format audio : Japonais (mono)
Sous-titres : Français, Anglais

Edition Collector

DVD 1 :
Le film : Les Amants crucifiés (100 mn)
Sortie Cinéma, Pays : 1954, Japon
Titre original : Chikamatsu monogatari
Bonus :
Les sources littéraires
Contexte historique
Témoignage du scénariste
Analyses critiques

DVD 2 :
Le film : L'Intendant Sansho (120 mn)
Sortie Cinéma, Pays : 1954, Japon
Titre original : Sansho dayu
Bonus :
Les sources littéraires
Contexte historique
Témoignage du scénariste
Analyses critiques

Livre sur Les Amants crucifiés de 75 pages de Jean-Christophe Ferrari, préface de Nicole Brenez

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La littérature et le cinéma sont pleins de ces histoires d'amour qui dégagent un parfum de scandale et foulent au pied les convenances. Portées par des personnages hors du commun ou transformant les plus humbles en héros, ces histoires se déclinent sur les registres des hontes familiales, de l'adultère, du franchissement scandaleux des barrières sociales ou encore des amours interdits.

On pourrait voir dans ces Amants crucifiés de Mizoguchi une illustration de ces impossibles amours à la source des plus profonds transports et des plus incroyables désordres. Lui, Mohei, imprimeur de talent réalise des almanachs très recherchés pour le compte du cupide Ishun. Osan, la femme de Ishun, est malheureuse dans son mariage avant même d'apprendre l'infidélité de son mari. Si rien n'oppose Osan et Mohei, tout les sépare. Il est célibataire ; elle est mariée. Il est humble et généreux ; elle est mariée avec un dur négociant sûr de son pouvoir et de son prestige. Et surtout, tous deux ont le sens de l'honneur et le respect de l'ordre établi. On pourrait donc voir dans la relation qui va naître entre eux et qui les mènera à la mort l'expression de cette force irrépressible des sentiments et des désirs.

Mais le film de Mizoguchi est plus subtil et plus fort que cela. Ici, en effet, ce n'est ni le dévoilement, ni la libération du "refoulé" qui est proposé. Plus subtilement, l'intrigue amoureuse naît du jeu social lui-même ; par la cupidité des uns et la fausseté des autres, deux cœurs généreux et, chacun à sa manière, sacrifiés (Osan pour avoir fait un mariage de raison et éviter la honte à sa famille, Mohei pour avoir accepté de travailler auprès de la femme qu'il aime et qui lui est interdite) vont se rencontrer. C'est en effet la menace d'un homme de main cupide et l'accusation du maître Ishun, autoritaire et égoïste, qui va pousser les deux personnages à reconnaître la pureté de leurs cœurs, à se reconnaître, puis à reconnaître cette rencontre comme l'expression de leur amour. Car le scandale est déjà à la porte de cette honorable maison et c'est à vouloir le taire que chacun va contribuer à sa manifestation.

Le talent de Mizoguchi est d'avoir réussi à mettre au service de cette "tragédie sociale" (expression qu'il revendiquait) toute la subtile psychologie de ses personnages. La sensualité ne déborde pas mais est toujours présente à l'écran à travers les regards et les gestes retenus des deux amants. Aucun des personnages n'est véritablement le dépositaire de cette histoire, mais tous contribuent à l'écrire. A l'écrire jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la mort, jusqu'à cette scène finale – inscrite dès le début du film - où chaque témoin pourra s'étonner de l'étrange sérénité qu'affichent sans ostentation ces deux amants se dirigeant vers leur supplice. Ici encore, critique sociale et psychologie se mêlent intimement pour ne permettre l'aveu des sentiments amoureux que par la certitude de leur condamnation. De même, la critique sociale de Mizoguchi s'élabore à travers un dispositif éthique et esthétique dont l'espoir est semble-t-il de pouvoir être perçue par le plus grand nombre à l'image de ces témoins du supplice final frappés par la beauté de ces amants pas encore crucifiés.

Cette esthétique discrètement combattante fait du film de Mizoguchi un chef-d'œuvre et les plus curieux liront avec beaucoup d'intérêt le livret érudit de Jean-Christophe Ferrari qui accompagne ce très beau coffret contenant aussi le film L'Intendant Sansho.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 24/05/2006 )
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