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La foi de Kurosawa
avec Akira Kurosawa, Toshirô Mifune, Machiko Kyo, Masayuki Mori, Takashi Shimura
Films sans frontières 2006 /  14.99  € - 98.18 ffr.
Durée film 84 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1950, Japon

Version : DVD 2 – Zone 2
Format vidéo : PAL 1.33
Format image : N&B, 4/3
Format audio : son mono
Langue : Japonais
Sous-titres : Français

Bonus :
Livret critiques
Chapitrage
Bandes annonces : Shangai Gesture, Charulata, Susana la perverse


Lion d’or au festival de Venise, Oscar du meilleur film étranger (1950)

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D’une intrigue policière pleine de bruits et de fureur dans le Japon médiéval, Kurasawa, au sommet de son art, tire une parabole sur les vicissitudes et la grandeur de l’humanité, qui est également un sommet de cinéma.

Nous sommes au XIeme siècle, au Japon. Pour se protéger de la pluie diluvienne, trois hommes se sont abrités sous le porche en ruines de la porte de Rashô («Rashomon»). Il y a là un bûcheron à l’air troublé, un bonze triste, et un passant cynique. Leur conversation vient bientôt sur la nouvelle du moment : le terrible bandit de grand chemin Tajomaru a enfin été capturé, alors qu’une femme vient d’être violée et que son mari, un samouraï, a été retrouvé mort… C’est justement le bûcheron qui, ayant découvert le lieu du drame, a alerté les autorités et assisté au procès. Nous voilà lancés dans le récit que chacun des principaux témoins a fait du drame. Pourtant aucune des dépositions ne correspond à la suivante ; au contraire, chacune d’elle vient un peu plus embrouiller le fil de l’affaire ; comme si chacun des témoins, le bandit lui-même, la femme et le samouraï assassiné, convoqué à l’aide d’un medium, avait quelque chose à se reprocher, à tel point que la vérité semble à tout jamais hors d’atteinte…

On considère généralement Rashomon comme le film qui révéla l’œuvre de Kurosawa - et le cinéma japonais ! - au public occidental. Il s’agit du 13ème film du cinéaste, qui était déjà en pleine possession de ses moyens, et qui continuera par la suite la même veine de cinéma à la fois moral et d’aventure dans le Japon médiéval avec «Les 7 samouraïs». La récompense obtenue au festival de Venise fit effectivement beaucoup pour la reconnaissance du cinéma japonais, jusque là ignoré voire consciemment considéré comme inexportable ! Rashomon lui-même n’est d’ailleurs pas totalement exempt de cette radicale étrangeté puisque à sa sortie, bon nombre de critiques occidentaux peu au fait des conventions orales et gestuelles japonaises le taxèrent de théâtralité naïve, et en jugèrent l’interprétation «outrée»… Avec le temps, le film paraît pourtant bel et bien le chef d’œuvre classique pour lequel il passe. Certes, Kurosawa filme très rapproché, comme on le faisait à l’époque. Cette manière d'exposer carrément le message moral, explicitement «dit» à la fin du film, paraît aujourd’hui un peu maladroite. Ces deux «tics d’époque» mis à part, le film reste novateur et superbe à plus d’un titre, à commencer par l’efficacité et l’énergie qui s’en dégage. Sa construction, d’une extrême rigueur, alternant les scènes de la porte de Rashô, le cadrage fixe et magnifiquement sobre du procès, et les récits des témoins, donnent à l’ensemble, malgré la complexité du scénario, une limpidité totale. Le montage où Kurosawa alterne sur des périodes courtes un nombre très élevé de cuts, mais avec discrétion et sans jamais tomber dans l’indigeste, est impressionnant. Techniquement, le film est d’ailleurs novateur à plus d’un titre : pour les scènes dans la forêt, le cameraman a utilisé des miroirs fixés au sol pour refléter la lumière sur le visage des acteurs. Le résultat en valait d’ailleurs la chandelle : certains passages, comme celui du bûcheron s’enfonçant dans les arbres qui laissent passer des trouées de lumière, au son du Boléro de Ravel réinterprété par Fumio Hayasaka, sont admirables. Les gros plans sur la pluie qui ruissellent sur les ruines immobiles de la Porte ne sont pas moins superbes.

A cela, il faut ajouter l’interprétation magistrale de tous les comédiens, parmi lesquels on ne peut pas ne pas faire une place spéciale à Toshiro Mifune, l’acteur fétiche de Kurosawa, ici par une énergie et une beauté animale dont on comprend qu’elles ne soient pas passées inaperçues à l’époque…. Aux rugissements, cris de victoires, de dédains, de défis, et rires homériques de Mifune répond le silence plein de tensions de Masayuki Mori, qui dans un tout autre registre, n’est pas moins convaincant et habite véritablement l’écran. Quant au message moral, profession de foi humaniste mise à part, on pourrait le résumer ainsi : chacun fait ce qu’il peut avec sa situation, ses désirs et les possibilités que la vie lui offre, si bien qu’il n’y a guère de sens à vouloir que tous voient la vérité de la même façon… L’important n’est peut-être pas là, mais dans le fait que chez tous se trouve une étincelle morale prête à se manifester quand il le faudra… un message somme toute simple quoique fort, à l’image de ce grand film à voir.

Concernant les bonus, les cahiers critiques produisent deux extraits de critiques cinéma (Max tessier et Curtis Harrington dans les Cahiers du Cinéma, 1952) qui reviennent sur la réception du film à l’époque de sa sortie, au Japon et dans le monde.


Jean-Baptiste Perret
( Mis en ligne le 28/06/2006 )
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