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Films  ->  Comédie dramatique  
Le retour du Poor Lonesome Cow-boy
avec Wim Wenders, Sam Shepard, Jessica Lange, Tim Roth
TF1 Vidéo 2006 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 122 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2005, Etats-Unis
Sortie DVD : 26 avril 2006

Version : DVD 9, Zne 2
Format vidéo : PAL, format original respecté : 1 :2.35
Format image : Couleur, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : français

Bonus :
- Making of (12 minutes)
- Scènes coupées (22 minutes) + commentaire audio de Wim Wenders
- Bandes-annonces
- Galerie de projets d’affiche
- Bio-filmographies
- Catalogue DVD Océan

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Forcément, lorsque 20 ans plus tard le réalisateur et le scénariste de Paris, Texas se retrouvent pour un film se déroulant une fois de plus dans le grand Ouest américain, le cinéphile trépigne. Et le riff de guitare qui ouvre Don’t Come Knocking, plus électrique certes mais tout aussi évocateur, rappelle immédiatement celui qui a autrefois fait la célébrité de Ry Cooder. Viennent ensuite les images d’un désert plombé par le soleil, un homme solitaire parcourant la plaine, une voie de chemin de fer désertée, une voiture traçant la route sous un ciel bleu plus grand que tout…

Au fil des comparaisons qui se multiplient, la peur d’un faux remake aussi dispensable que raté s’immisce alors quelques instants chez le spectateur. Fort heureusement, il n’en est rien, et Don’t Come Knocking échappe rapidement à l’emprise maligne du lointain parrain, s’émancipant complètement dès la première demi-heure. Si l’on vogue certes ici sous les mêmes cieux, l’ambiance n’est plus la même et l’originalité est de mise. Comme si dans un premier temps, comme pour se rassurer, Wim Wenders et Sam Shepard étaient revenus sur ce qui les avait auparavant inspirés, avant de faire le grand saut vers d’autres contrées cinématographiques.

Le film commence donc par la disparition de l’acteur Howard Spence (incarné par Sam Shepard lui-même) sur le tournage de son dernier western. Autrefois grande star glamour célébrée par tous, l’acteur est désormais à la fin de sa carrière et ses nombreuses frasques ont quelque peu mis à mal son image. Alcoolique, drogué, bagarreur et coureur, Spence n’est plus qu’une caricature, un acteur paumé et à la frontière du has been, un fantôme de l’Ouest comme l’annonce d’ailleurs le titre du film qu’il a déserté. Ne supportant plus cette triste vie, dans un sursaut salvateur, voilà le cow-boy qui redevient solitaire et, comme dans tous ses films, qui cherche le chemin de sa maison. Il retrouve là-bas sa mère, avant de repartir finalement vers le Montana, où Spence apprend qu’il a laissé un fils, et peut-être plus, trente ans auparavant.

Hasard de la sélection, Don’t Come Knocking était présenté en 2005 à Cannes en même temps que Broken Flowers de Jim Jarmusch, autre film sur la paternité à reconquérir et sur la recherche d’un sens à sa vie par un vieux bonhomme destiné à mourir seul. Cette quête qui repose sur le passé, on la retrouve à plusieurs niveaux dans le film de Wenders puisqu’il s’agit aussi pour le réalisateur allemand d’un retour sur son propre cinéma. Vingt ans après Paris, Texas donc, et quelques errances tour à tour étonnantes (The Million Dollar Hotel, Land of Plenty) ou fatigantes (Jusqu’au bout du monde, The End of Violence), Wenders retrouve l’Amérique de ses rêves de jeune européen, celle qui n’existe pas, celle des cartes postales jaunies par le soleil, des posters de Hopper et des films en Technicolor où tout semble plus lumineux que partout ailleurs.

Wenders n’a pas peur de tirer sur la corde usée des clichés, il en joue même jusqu’à la parodie, quitte à sabrer parfois l’émotion. Ainsi, le western que tourne Howard Spence semble totalement improbable et daté, comme si depuis John Ford le temps (d’Hollywood) s’était arrêté. Un arrêt sur images donc et une parenthèse temporelle qui font de Butte, la ville où échoue finalement Spence, une cité fantôme désertée où se croisent seulement quelques personnages essentiels mais eux aussi semi spectres errants. Il y a Doreen (Jessica Lange), l’ancienne maîtresse d’Howard, qui n’a pas évolué depuis, Earl, le fils chanteur à la voix désincarnée comme sortie d’outre-tombe, et enfin Sky, l’ange blond qui se promène une bonne partie du film avec une urne funéraire sous le bras. Peu à peu, ces silhouettes qui se croisent dans des allers et venus scénaristiquement improbables (et alors ?), prennent de l’épaisseur, et à force d’échange et de confrontation, parviennent à échapper à leur statut d’âmes en peine, jusqu’à finalement se faire exister les uns les autres.

Esthétiquement superbe et baignant dans une lumière extraordinaire, Don’t Come Knocking prouve que Wim Wenders n’a rien perdu de son acuité visuelle, et c’est sûr de sa mise en scène que le réalisateur s’autorise quelques moments de grâce qu’on ne lui connaissait plus. Quant à T-Bone Burnett, qui avait déjà illuminé de ses trouvailles musicales le O Brother des frères Coen, il donne au film la touche finale, celle qui le rapproche d’un air de country triste et désuet mais qui, dans un dernier galop, échappe à la mélancolie pour retrouver le souffle des grands espaces et l’herbe plus verte.

Un grand film donc, un peu malmené à sa sortie et dont la sortie en DVD devrait permettre de se faire une idée plus juste de toute sa richesse. En bonus, cette édition présente un press-kit d’une dizaine de minutes, mais surtout quelques scènes coupées dont une insolite avec l’Indien fou qui menace Sam Shepard à la fin du film.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 03/05/2006 )
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