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Sicilia mia...
Leonardo  Sciascia   Portraits d'écrivains
Fayard 2001 /  2.8 € -  18.32 ffr. / 190 pages
ISBN : 2-213-60860-1

traduit de l'italien et préfacé par Mario Fusco
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Il semble que quand on naît Sicilien, "capable de comprendre tout ce qui est humainement compréhensible", parce que soumis à deux formae mentis (là où l'Europe finit, comme la Sicile ; la pensée européenne apportant doutes éternels et inquiétude, l'Afrique, la mystique), on ne puisse se démettre de cette écrasante bénédiction.

Dans le présent recueil d'articles et études, Sciascia revisite donc d'abord le patrimoine littéraire de son île : Brancati, De Roberto, Savinio, Messina, Buffalino, Lampedusa, Rensi... mais il n'oublie pas d'anciennes amours, pour le Candide de Voltaire et quelques oeuvres de Borgès, qu'il fut le premier à introduire en Italie. Après lecture, qui n'a pas encore dévoré Les Vice-Rois de De Roberto se précipitera, convaincu que les restrictions de B. Croce étaient infondées. Le parallèle Borgès-Savinio développe l'idée selon laquelle les deux écrivains "choisissent leurs lecteurs"- comme Stendhal d'ailleurs - plus encore sans doute, ils les crée, comme le fit Montaigne au dire d'Auerbach...

Chaque texte souligne une approche précise, personnelle, qui fait s'enrouler la pensée en volute, avec une élégance toute baroque ; Sciascia est un évocateur de premier ordre, ce qui ne l'empêche pas d'être le plus rigoureux des hommes. Et son amour pour les oeuvres des autres (de certains) est merveilleusement contagieuse à une époque où la littérature étrangère est à ce point soumise à la loi des modes. Pourquoi ne pas retourner un peu en Sicile ? Lire ou découvrir Les Fiancés de Manzoni que Sciascia compare, dans la catégorie des "romans éternels", à Don Quichotte, dévoré à l'époque par Goethe, Sainte-Beuve, Comte... "l'oeuvre littéraire la plus indéfectiblement chrétienne" ajoute-t-il.

Il est plus aisé de replonger dans Pirandello, "le point de référence le plus élevé, qui est, dans sa vision du monde, le plus sicilien de tous - preuve s'il en est que le maximum de sicilianité coïncide avec le maximum d'universalité" - c'est direct, tranché. S'intéresser à Renzi, auteur des Lettres spirituelles auxquelles Sciascia revint toute sa vie, comme parfait exemple de de génie et de hardiesse.. auteur méconnu d'un SpinozaAutobiographie intellectuelle. Placer sur Le Guépard une autre grille de lecture : cette Sicile "manière d'être" où "le paysage est la transposition visuelle et fortement emblématique d'une condition humaine, d'une histoire, d'un destin" lisible à travers un leitmotiv qui parcourt en cachette le livre: "sous la lumière de cendre, le paysage sursautait, irrachetable." Pas de rédemption pour ce monde finissant qui laisse régner les hyènes après les guépards, qui accepte que "quelque chose change pour quoi tout puisse rester comme avant", le temps de croire qu'on est pas mort.

Et puis, et surtout, les pages sur Buttita "qui écrit tout ou - pour le dire avec Hemingway, peut-être que ce sont les choses qui écrivent Buttita"... Quand "la composition de la poésie coïncide avec le fait d'exister", tout, du travail au repos, de la joie au tourment, devient rythmes, rimes, pure mémoire, parce qu'au-dessus de tout, la conscience la plus aiguisée transmet, traduit, confesse, que ce soit l'idéologie, l'engagement, la vie courante, la parole elle-même. "Sans absolution" insiste Sciascia, c'est-à-dire sans désir d'être sauvé autrement que par la parole de l'homme.

Peut-être faudrait-il regarder ce livre comme un passeport ? Sans tracasseries douanières. Un art de donner envie. Une invitation à sortir de la pensée hexagonale. Je le vois ainsi. Comme une autre manière de traverser cette Sicile "irrachetable" parce que mère de tant et tant de génies universels, terre qui ne veut ni qu'on l'oublie, ni qu'on la foule sans se souvenir que, là-bas, la poussière a je ne sais quoi de spirituel.


Claude-Henry du Bord
( Mis en ligne le 01/04/2001 )
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