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Tristes couleurs du libéralisme
Jean-Charles  Massera   United Emmerdements of new order - précédé de United Problems of coût de la main-d'oeuvre
P.O.L 2002 /  2.29 € -  15 ffr. / 158 pages
ISBN : 2-86744-865-4
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Dans un style "blanc" et terriblement drôle, Jean-Charles Massera livre une série de textes consacrés à la mondialisation. Il y dépeint une petite bourgeoisie, tantôt témoin décalé du phénomène, tantôt angoissée par les conséquences de cette tendance socio-économique sur son propre sort. De la seconde Intifada à la tragédie silencieuse de la précarité de l’emploi dans nos régions hexagonales, un même cours de l'histoire ? Ainsi, dans United Problems of Coût de la Main-d'œuvre, une anonyme des classes moyennes ("la sœur à Christian ou de mon mari") interroge un non moins anonyme cadre supérieur sur les effets dévastateurs de la mondialisation de l'économie dans la région Centre. Et de pointer du doigt l’absence de correspondance entre le discours inspiré de la doxa néo-libérale et les préoccupations de "la sœur à Christian ou de mon mari", inquiète du chômage, des traites du pavillon, etc. De cet improbable débat, dont les impasses sont vite rencontrées, suinte la tristesse. Mise à nu de la machine à débattre qui, en donnant la parole, l’évacue…

Plus généralement, en décrivant des situations dramatiques dans une langue procédurière, fondée sur le lexique de la loi, Jean-Charles Massera souhaite dévoiler l’inhumain de ladite loi. L’intention n’est pas nouvelle, mais le procédé original, avec, notamment, la mise en boucle des situations (édictions de la loi et description "neutre" des drames humains pour lesquels celle-ci a toujours prévu un décret, un alinéa, un point) qui contribue à amplifier l’effet d’absurde et d’horreur. Au-delà de cette dénonciation, et toujours par l’énonciation des mesures, des dispositions et des lois qui organisent le monde, Jean Charles Massera entreprend de construire le roman du new order. C’est-à-dire de raconter l’évolution des mœurs : il décrit ainsi la lente mais sûre crispation de la bourgeoisie occidentale, cocufiée par ses maîtres les grands argentiers, qui lisent le Financial Times et font régner un ordre économique incompréhensible et implacable. La bourgeoisie planétaire se raccroche alors au bâton de la loi, lequel deviendrait l’horizon d’une société dont les enjeux se réduisent au périmètre qui entoure le jardin de mon pavillon.

Evoquée dans plusieurs textes, Martigny, en Suisse, est le terrain d’expérimentation de cette nouvelle idéologie qui consiste à faire de son canton le centre du monde – ou l’inverse peut-être, réduire l’horizon politique à son canton, protégé par la vidéosurveillance, le code pénal et les voisins. L’intervention de la science-fiction y apparaît étrangement réaliste. Aussi, lorsque des personnes "masturbées par des délinquantes d'origine tyrolienne" sont convoquées par les enquêteurs afin de "procéder aux vérifications concernant les lieux, heures et modes de l'exercice de la masturbation", la description des interrogatoires est un chef-d’œuvre de littérature administrative, dans une veine kafkaïenne revue par Huxley et Jean-Luc Delarue. Ailleurs, Jean-Charles Massera reprend le langage du petit carré lumineux qui quotidiennement et à 20 heures, dispense les news du new order, pour un résultat tout aussi déroutant. En définitive, l’auteur décrit la chute des classes moyennes, étendards de l’Occident, dans la Barbarie. Peu réjouissant. Parfois, la dénonciation de l’ordre libéral se télescope avec le mépris des classes moyennes (pourtant présentées comme victimes du premier). Petite incohérence - ou révélation de l’idéologie de Jean-Charles Massera ? Mais ces points de détail ne réduisent en rien la force de ce livre – très drôle et très violemment antilibéral.


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 02/04/2002 )
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