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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
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Mary
Wesley Un héritage encombrant
Flammarion 1999 / 2.8 € - 18.32 ffr. / 360 pages
ISBN : 2-08-066828-5
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L'héritage encombrant s'appelle Margaret. La jeune mariée débarque pour la première fois à Cotteshaw, le vieux manoir campagnard de son époux Henry Tillotson. Sitôt arrivée, Margaret s'enferme dans sa chambre et décide de ne plus quitter son lit, après une violente altercation avec son mari. Surpris par le comportement imprévisible de sa femme, Henry espère la convaincre d'abandonner son idée saugrenue, mais rien n'y fait. A part quelques brèves apparitions en public, Margaret passe ses journées allongée dans sa chambre.
Ses mensonges grossiers et sa méchanceté continuelle intriguent les fidèles amis de son mari. Comment Henry a-t-il pu épouser, une pareille furie ? Quel mystère entoure ce couple si mal assorti ? Titillés par le désir de rencontrer l'étonnante Margaret, James et Matthew viennent passer le week-end à Cotteshaw accompagnés de leurs fiancées. La soirée tant attendue au clair de lune vire soudain au cauchemar quand Margaret s'exhibe à moitié dévêtue au milieu des bouteilles de vin, un oiseau décapité dans les mains. Revenus de leur surprise, les deux couples d'amis acceptent avec empressement l'hospitalité sans faille du maître de maison. Si les beautés de la campagne anglaise séduisent infiniment James et Matthew, leurs belles promises s'avèrent encore plus sensibles au charme du malheureux propriétaire. Mais Henry ne semble avoir d'égards que pour son odieuse recluse. Un destin commun rassemble inopinément les hôtes privilégiés du manoir séculaire.
Quarante-six ans séparent le mariage d'Henry de ses dernières années de vie à Cotteshaw. Enchaîné à une femme détestable, le "gentleman farmer" fait preuve d'un optimisme et d'une patience vraiment stupéfiants. Rien ne semble pouvoir justifier le caractère exécrable de son épouse. Dès qu'un semblant d'humanité émerge chez ce personnage antipathique, aussitôt une réplique acerbe vient rectifier les paroles précédentes, comme si Margaret regrettait vite son accès de générosité. Une telle férocité donne surtout envie de sourire tant les remarques déplaisantes font mouche à chaque fois.
Peut-être faut-il voir dans ce comportement détestable les signes d'une fierté humiliée par un geste de pitié intempestif. Face à cette union désastreuse, les mariages de James et Matthew avec Barbara et Antonia ressemblent à des contes de fée. Et pourtant, sans la bienveillante collaboration d'un Henry paternaliste, ces amours malhabiles s'en iraient à vau-l'eau. De tous les amis du héros, seuls deux couples donnent l'impression de vivre en réelle harmonie: celui de Calypso qui reconnait avoir épousé Hector pour son argent et l'union homosexuelle de John et Jonathan.
L'esprit caustique, Mary Wesley se moque continûment des travers quotidiens et des mesquineries de ses personnages. Mais son regard sans concession sur les réalités du mariage ne se départit jamais d'un sentiment de compassion pour ces couples en lutte. Les hautes tours du sombre manoir veillent avec tendresse sur la vie tumultueuse de ses protégés. Chacun des protagonistes trouve finalement chaleur et réconfort à Cotteshaw. A force de patience, Henry Tillotson réunit autour de lui dans ses vieux jours les membres dispersés d'une famille inattendue.
Christine Gallardo
( Mis en ligne le 05/10/1999 )
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