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Ouvrage en furie
Régis  Jauffret   Univers, univers
Verticales 2003 /  3.05 € -  20 ffr. / 608 pages
ISBN : 2-84335-176-6
FORMAT : 14 x 21 cm

Prix Décembre 2003.
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L’univers tient dans un grain de sable. Mais dans un livre ? Régis Jauffret essaye, en tout cas, d’y faire tenir le sien. Au passage il fait preuve, voire ostentation, d’une époustouflante maîtrise du récit. Son Univers, univers ne raconte aucune histoire mais donne à penser toutes les histoires possibles. Comme dans des Mille et une nuits version contemporaine, française, glauque.

Une femme surveille la cuisson d’un gigot. Elle attend son mari, et un couple qu’ils ont invité à dîner. Soudain le doute s’infiltre. Qui va arriver ? A-t-elle un mari ? Qui est elle ? Commence alors le périple d’une conscience, féminine et désœuvrée, qui s’incarne successivement dans des milliers d’existences. S’engouffrant dans des corps à la vie déjà entamée, elle sera tour à tour adolescente, quadragénaire, bretonne, assassine, SDF, homme, nouveau-né, scientifique. Et même pas : «tu seras un orgasme par-ci par-là, dans une chambre» ou «tu seras une petite guerre, une épidémie générale», ou encore «un gadget destiné à muscler la mémoire des personnes âgées, une orange pelée dans un ascenseur par un homme de ménage».

Le récit est contraint à l’énumération, mais le pari est de faire entendre le grouillement confus de tout ce qui existe, ou pourrait exister, simultanément. On pense à L’Aleph de Jorge Luis Borges, qui se contentait d’une page pour dire que son personnage avait vu l’étendue du cosmos. Quant à lui, Jauffret a déclaré que les six cents pages d’Univers, univers auraient pu aussi bien être trois cents, ou trois mille. Cet «ouvrage en furie» est conçu comme un objet potentiellement autosuffisant, qui pourrait ne jamais s’arrêter de cracher les portraits. Le couple, la solitude, la filiation, la difficulté à aimer et être aimé, la banalité et donc l’interchangeabilité des individus, la mort … Jauffret reprend ici des thèmes qui hantent son œuvre, et atteint comme toujours des sommets dans l’art de dépeindre combien la vie humaine peut être sordide. Ses personnages ne font jamais l’amour : ils ont des rapports. En guise de clin d’œil, on trouve dans Univers, univers un mari qui lit à sa femme des romans de Jauffret pour nourrir sa dépression.

Pourtant, on reste de marbre devant la souffrance des personnages, qui ne sont que des pantins au service d’un dessein littéraire qui les dépasse. Le vrai protagoniste ici, c’est l’auteur. La femme dans la cuisine n’existe pas, dit-il, «c’est moi qui depuis tout à l’heure rôde dans cet appartement, m’assois sur la terrasse, scrute le gigot, et attends ce mari que je suis tout autant que les improbables voisins du dessus […] Je suis la ville, le monde, je l’entoure comme une membrane, un amnios». Amusé comme un gamin par sa toute-puissance, l’écrivain ne cherche pas à émouvoir, mais parvient à nous éblouir par ses bravoures de conteur surexcité.

Lire Univers, univers, c’est ouvrir un robinet génial d’où coule à flots une forme plutôt rare de littérature : «elle ne raconte rien, elle traîne en longueur le langage, elle lui permet enfin de s’exprimer, au lieu de toujours servir à dire quelque chose d’autre que lui». Auteur omniprésent, libération du langage… ne craignez rien, aucun théoricien prétentieux ne vous attend au coin des pages pour gâcher votre plaisir à coups de postulats mal vieillis. Il y a juste un livre magnifique, soutenu par un regard perçant sur l’enchevêtrement des choses et des êtres dans ce monde. Un regard qui vous habitera longtemps.


Veronica Latourrette
( Mis en ligne le 16/01/2004 )
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