Valérie
Mréjen Eau sauvage
Allia 2004 / 0.93 € - 6.10 ffr. / 92 pages
ISBN : 2844851363
FORMAT : 10 x 17 cm
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Au début, Eau sauvage surprend. Des phrases courtes, tissant un dialogue qui n’en n’est pas un. Puisqu’un seul interlocuteur parle. Des phrases de la vie quotidienne, souvent très banales. «C’est quoi, cette herbe parfumée dans la salade ? Du persil plat ?» Où Valérie Mréjen veut-elle en venir ? Puis ce qui ne semblait être qu’un exercice de style prend forme. C’est un père qui s’adresse à sa fille. «Ecoute, franchement. Regarde-moi ces robes qui descendent jusqu’à terre. Tu cherches à te punir. Pourquoi ces vêtements ? Alors qu’un tailleur t’irait si bien. Va t’acheter une tenue, je te donne de l’argent !» ; «Tu ne veux pas un yaourt ? Une banane ? Un abricot ? Du cake ? Prends une part de Gâteau. Tu es sûre ? je t’en coupe un morceau. Même pas un abricot ? Alors une petite fraise. Elles sont extra. Sers-toi des fraises. Je t’apporte un peu de crème chantilly.» ; «Tu as une bonne nouvelle à m’annoncer ? Un fiancé en vue ?»
Tour à tour, et tout à la fois protecteur, fusionnel, nourricier, exigeant, mais aussi respectueux, compréhensif, généreux, la figure du père se dessine derrière ces mots de la vie quotidienne. Présence exaspérante autant que touchante. Valérie Mréjen a su retranscrire toute la complexité de la relation père/fille, faite d’amour et d’incompréhension. Mais elle va plus loin. Car c’est aussi le portrait de la fille qui se dessine, en creux. On lit les efforts et les reproches du père et on voit la fille, secrète, muette. On entend ses soupirs, on la voit lever les yeux au ciel ou prendre sur elle pour sourire, d’un rictus un peu forcé. En 92 pages, ce livre suscite autant de rires que d’émotion. On le referme, pensif… Allez, promis, on essaiera d’être un peu plus gentil avec ses parents !
Marie-Pierre Noguès
( Mis en ligne le 13/02/2004 )
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