Anne
Goscinny Le Voleur de mère
Grasset 2004 / 2.12 € - 13.90 ffr. / 168 pages
ISBN : 2-246-67001-2
FORMAT : 13 x 21 cm
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« Le voleur de mère ». Le titre est intrigant. Si vous pensiez qu’il s’agissait encore d’un de ces bouquins déballage-people où se déversent à foison des tonnes de révélations-cassages de mythe, vous allez être déçus. Non, ce roman, s’il est bien autobiographique, ne parle pas du père d’Anne, sauf en une phrase : «ta maladie emporte ton mari. Il a fait passer du sens figuré au sens propre l’expression ‘’mort d’inquiétude’’».
Anne Goscinny a écrit un bouleversant roman à trois voix, ou plutôt une sorte de requiem à trois notes. Sol, Fa, Si : Solène, Fabrice, Simon, le fils de Solène dont les propos enfantins ponctuent et égayent un peu la narration, même s’il ne naîtra que sept ans plus tard. Hélène est atteinte d’un cancer depuis dix-sept ans, et pour elle, c’est bientôt la fin. Sa fille, Solène, son soutien indéfectible, vit seule avec elle. Les deux femmes s’aiment d’un amour éperdu.
Un jour, Solène fait entrer Fabrice, son meilleur ami, dans le cercle de leur relations proches. Le jeune homme ne tarde pas à s’accaparer Hélène comme si elle était sa propre mère, réussissant insidieusement, en profitant de sa faiblesse, à la monter contre sa fille. Car Fabrice est un escroc de la pire espèce. En plus de voler à la jeune femme l’amour de sa mère, il vole régulièrement la Carte Bleue d’Hélène, pique ses bijoux, et instille son venin pour faire croire aux amis de la famille que Solène est la coupable. La maladie contre laquelle les deux femmes ont lutté pendant tant d’années prendra forme humaine sous les traits de ce Fabrice si charmeur, et détruira la belle harmonie dans laquelle elles s’étaient auto-protégées durant toutes ces années.
Physiquement, la belle Anne Goscinny ressemble de façon saisissante à sa mère au même âge. On notera qu’elle a hérité du talent de son père dans l’écriture. Après un premier roman remarquable, Le Bureau des solitudes, également chez Grasset, Anne Goscinny récidive avec cet ouvrage intime et déchirant, rétablissant une vérité que personne à l’époque n’avait voulu entendre.
Agnès Abécassis
( Mis en ligne le 02/06/2004 )
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