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L'enfant terrible de Cuba
Zoé  Valdès   Carmen  Val Julián   Trafiquants de beauté
Actes Sud 2001 /  2.33 € -  15.27 ffr. / 192 pages
ISBN : 2-7427-3322-1
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De sa voix cassée de mauvaise petite fille, inimitable et reconnaissable entre mille, Zoé Valdés chante la Havane: cette ville invraisemblable où tout est poétique, jusqu'au nom des prisons ("la Nouvelle-Aurore"...), cette ville dévastée, qui a l'air d'une ville bombardée et qui ne l'a pourtant jamais été, dédale de ruelles ensoleillées où se presse à longueur d'année une foule pittoresque. Au fil de ses nouvelles, l'écrivain saisit au vol quelques-uns de ces énergumènes: Beatriz, la Polonaise, le trafiquant d'ivoire, Juana la folle... Les autochtones harcèlent les touristes, leur réclamant du chewing-gum, du lait, du savon. Les touristes mitraillent de leur appareil photo tout ce qui tombe sous leurs yeux. Un chauffeur de taxi s'emmêle un peu les pinceaux, dit "troglodyte" pour "polyglotte". Rien n'est sérieux mais tout est grave. On ne s'y retrouve plus. La vie est un songe.

Beatriz et le trafiquant d'ivoire, épigone d'Arthur Rimbaud, se rencontrent au cours d'une pièce de théâtre qu'on joue en pleine rue. On ne connaîtra jamais le nom du trafiquant. Il sera simplement le "contemporain", cette expression désignant ceux qui ne jouent pas, les simples badauds venus importunément perturber le jeu des acteurs qui sont tous, quant à eux, en costume d'époque.

On sort de l'une, on entre dans l'autre : la réalité et la fiction ne sont jamais là où on les attend. "La théâtralité est précisément dans la nature même de nos vies", écrit Zoé Valdés. Telle nouvelle, La cousine de Flora, évoque une sémillante rondelette, mais la dernière page est ambiguë : s'agit-il d'une femme ou plutôt d'une allégorie de l'été ? On croit un moment entendre la voix de Desnos, comme dans Dessinateur de dunes, où un homme et une femme qui se sont aimés se retrouvent après plusieurs années: "J'ai tant pensé à toi que je ne suis pas sûr que tu sois réelle".

Parfois, à un tournant de phrase, une note discordante, un petit verbiage d'un mauvais goût délicieux. "Il (il s'agit du contemporain) n'était pas venu là pour ça: perdre son temps face à l'océan et s'encombrer d'une suceuse soi-disant professionnelle, extrémiste par-dessus le marché, frêle et nue comme une victime des camps de concentration". Lassée de la pommade lyrique, Zoé Valdés se prend à sourire: "faute d'être conforme à la morale communiste, la rubrique des faits divers a disparu des journaux". L'écrivain, qui se refuse à nommer "Qui tu sais" (Castro), n'hésite pas à égratigner son pays à la morale absente, où les autorités ont permis aux gens de s'emparer des biens de ceux qui étaient partis en exil. Son rire peut être féroce et grinçant, comme lorsqu'elle évoque la mort de sa grand-mère. Scène de Grand Guignol, loin de la gravité requise. Si grande est la misère là-bas que les êtres se voient retirer toute dignité, jusqu'à celle de leur mort.

Depuis 1995, Zoé Valdés vit à Paris, mais elle habite encore la Havane en pensée et dans les mots. Dans Et pourtant elle tourne, l'écrivain évoque la nostalgie du pays natal, devant ces Français qui ne savent pas danser. Aux Havanaises aux formes plantureuses s'opposent les Parisiennes, "exquises madones revues et corrigées par Lancôme. Elles surveillent leur ligne à base de laitue, une feuille coupée en trois avant le coucher : elles en avalent un bout et posent les deux autres sur leurs paupières".

Chez Valdés, l'imaginaire conduit à recréer l'univers. Roses dans l'amer évoque une femme qui se couche sur un sol stérile et donne ainsi naissance à des fleurs inconnues. Cette osmose entre le monde et le corps humain n'est pas sans rapport avec la sensibilité d'une Frieda Kahlo. L'imaginaire, pour panser les plaies, pour échapper à la cruauté du monde? Mais plus profondément, l'imaginaire est simplement la loi des mots, ou si l'on veut, leur désobéissance native au réel. "Maudit soit celui qui freine les rêves de l'ange"…



Thomas Régnier
( Mis en ligne le 19/06/2001 )
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