Littérature -> Rentrée littéraire 2004 |
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En fait, elle ne meurt pas vraiment à la fin… (mais chut !) |
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Philippe 
Jaenada Vie et mort de la jeune fille blonde Grasset 2004 / 2.6 € - 17 ffr. / 286 pages ISBN : 2 246 64831 9 FORMAT : 13 x 18 cm Imprimer
Le nouveau Jaenada vient de paraître. Ô joie ! Ô allégresse ! Ô… mais il est déjà en poche, ou quoi ? Non, c’est juste sous ce nouveau format qu’il paraît chez Grasset. Minus (pas Jaenada, le livre) et aux marges gigantesques, il faut reconnaître que la lecture n’est pas aisée. Pas évident de revenir sans arrêt à la ligne au bout de quelques mots, ou alors il faut posséder des globes oculaires rudement musclés. C’est presque à se demander si ce ne serait pas une manière habile d’étoffer un roman un peu court, qui autrement frôlerait péniblement la cent-cinquantaine de pages.
Mais trêve de chipotages sur le superflu, passons plutôt à l’essentiel : l’histoire. Après Le chameau sauvage (prix de Flore), Nefertiti dans un champ de canne à sucre, La grande à bouche molle et l’excellent Le Cosmonaute, voici le tout dernier roman d’un écrivain prolifique au style inimitable. Comme dans la plupart de ses autres bouquins, Jaenada est encore parti d’une base autobiographique (on y trouve au choix, ou tout à la fois, sa compagne Anne-Catherine Fath, ses expériences professionnelles, sa jolie ville de Veules-les-Roses…), et saupoudre son récit d’une bonne dose de délires et d’inventions. Avec toujours ses quatre millions de parenthèses dans chaque phrase, tic qui en agacera certains autant qu’il en séduira d’autres.
L’histoire commence fort. Un quadra désabusé est reçu à dîner chez un vieux couple d’amis. En guise d’apéritif, le couple sert à ses invités un concours de « cuisse de fer », et, comme si ce n’était pas suffisant, leur propose ensuite de continuer les réjouissances en jouant à un « duel de baffes ». Le premier qui pleure a perdu. Classique. On s’amuse bien, chez les Muratti. Ensuite, heureusement, on passe à table. C’est que les torgnoles, même pour rigoler, ça finit par ouvrir l’appétit. Lequel est immédiatement refermé par le récit du maître des lieux qui, submergé par une brusque vague d’émotion, se met à confier à un auditoire embarrassé l’histoire de sa fille unique, Céline, 37 ans, droguée, prostituée, et séropositive.On a beau avoir l’oreille compatissante, ça casse quand même un peu l’ambiance. Sauf pour une personne, le narrateur, qui croit reconnaître en certains détails la fille qu’il a connue jadis, lorsqu’il avait seize ans, et qui lui a offert sa « première fois » dans un champ, par un bel après-midi d’été. Nostalgique, il se met en tête de la retrouver. Pas par amour, mais en quête de sa jeunesse perdue, dont il croit pouvoir retrouver des bribes dans les yeux de Céline. La suite est comme d’habitude, pleine d’émotion, de suspense et aussi d’humour.
Avec son dernier roman, Philippe Jaenada nous régale à nouveau de l’une de ses histoires au ton décalé, cynique, poétique et un peu timbré, aussi. A ne pas manquer.
Agnès Abécassis ( Mis en ligne le 06/09/2004 ) Imprimer |
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