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Leur laisser la parole
François  Bon   Daewoo
Fayard 2004 /  2.75 € -  18.00 ffr. / 300 pages
ISBN : 2-213-61871-2
FORMAT : 14 x 22 cm
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«Daewoo», le nom se détache de la couverture, simple, nue, comme pour mieux s’imprimer en nous. «Daewoo». Une à une, à la grue, les lettres du nom sont ôtées de la façade d’une usine en liquidation. Ne restent que des parois, des couloirs, des lignes géométriques qui s’estomperont bientôt sans garder nulle trace des heures de travail passées là, à l’abri des regards, dans un espace hors du temps, hors de la vie.

Dire le désenchantement total du monde moderne. Laisser la parole aux employées de ces sites industriels qu’on installe puis qu’on démonte en kit. Ecouter les paroles de la colère sourde, de l’écoeurement, de l’épuisement. Tels sont les défis que relève François Bon dans Daewoo. Un livre dont on s’étonnera peut-être qu’il soit qualifié explicitement de «roman». Et puis, non, pas tant que ça, finalement. Car l’auteur a travaillé le langage de ces personnages, comme une pâte brisée à laquelle il a voulu malgré tout donner une forme, en résistance au flou, au vide et à l’abandon. Il a également recueilli le souvenir, changé les noms des vies laminées ou broyées, transformé une équipe d’ouvrière licenciées en chœur tragique de voix.

Ces voix ne crient pas, ou du moins ne crient plus. Elles murmurent, ce qui est pire dans la civilisation du tintamarre. Elles vident leur sac, comme quand on rentre après journée, et que c’est encore à la télé qu’on livre la part vacante de son esprit. Métonymie triomphante du quotidien, la télé. La même qu’on a vu passer mille fois, désossée, décarcassée, puis petit à petit prête à l’emploi, conditionnée. La télé qu’on a construite, puis qui vous remodèle.

Ne relevant pas à proprement parler de l’écriture militante, encore moins du tourisme sociologico-littéraire qu’est devenue à certains égards l’écriture prolétarienne contemporaine, le récit de François Bon retranscrit le langage de la lucidité et de la survie vaille que vaille, et l’oppose au discours si rutilant et si aiguisé du couperet managérial, toujours prêt à tomber. On a moins affaire ici à des personnages qu’à des Figures, incarnation des interrogations les plus brûlantes : quel est le sens du travail, de cette forme de travail ? Quel est le sens de la lutte ? Quel est le sens du suicide d’une employée ou de l’abandon d’enfants sur un parking de supermarché ? Quel est, en définitive, le sens ?

Un livre qui «laisse ainsi toute question ouverte» est bien, quoi qu’on en dise, un roman, le roman dont nous avons besoin, parce que face à une société qui n’a que l’arrogance de ses chiffres et de ses fausses certitudes, il ose pleinement réaffirmer le pouvoir des mots et du soupçon fondé.


Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 06/10/2004 )
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