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Un mécène éclairé
Bernard  Comment   François  Chapon   Doucet de fond en combles - Trésors d'une bibliothèque d'art
Herscher - La Galerie 2004 /  3.82 € -  25 ffr. / 144 pages
ISBN : 2733503618
FORMAT : 20 x 20

70 illustrations couleur.
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Quel historien de l'art ne connaît la bibliothèque Doucet, cet exceptionnel fonds d'art et d'archéologie ? On connaît moins son fondateur, le couturier-collectionneur et mécène éclairé Jacques Doucet (1853-1929), qui fut tout de même le premier acquéreur des Demoiselles d'Avignon de Picasso. Un portrait photographique donne le ton : Doucet, debout en habit oriental contre une porte de boiserie, nous toise du regard. Par la pureté du décor, les violents contrastes et le raffinement ambiant, un homme de goût assuré transparaît, un homme qui aime se mettre en scène. Gestionnaire de la bibliothèque depuis 2003, l'Institut national d'histoire de l'art (INHA) a souhaité rendre hommage à cet homme et à son œuvre à travers ce livre. La découverte de cette bibliothèque est d'autant plus passionnante qu'elle constitue le premier des trois fonds de la future grande bibliothèque nationale d'histoire de l'art qui verra le jour en 2008 (et qui faisait cruellement défaut à la France), aux côtés des fonds de la Bibliothèque centrale des Musées nationaux et une partie de ceux de l'Ecole nationale des Beaux-Arts et de l'Ecole des Chartes.

La démarche de ce livre est à la fois originale et plaisamment érudite, grâce aux nombreux spécialistes venus enrichir la réflexion. François Chapon, directeur honoraire de la bibliothèque littéraire Doucet, retrace la biographie de cet extraordinaire collectionneur, issu d'une riche famille de couturiers et considéré comme un des fondateurs de la haute couture. Jacques Doucet fait preuve d'une impressionnante ouverture d'esprit : dans les années 1880, sur les cimaises de son hôtel Molé se côtoyent les tableaux de Degas, Manet, Goya, Chardin et Watteau. «Ses choix le singularisent […]. Seule la beauté le guide». Entre ses Coysevox et ses merveilleux objets d'Extrême-Orient, il dresse le Christ de Lavaudieu (qu'il offrira au Louvre). Il vend, achète, mais ce qu'il aime, c'est désirer. Il se passionne pour la littérature, verse des pensions à Max Jacob, Apollinaire, Blaise Cendrars en échange de correspondances régulières. Dans les années 1920, influencé par le jeune inconnu qui gère alors sa bibliothèque, André Breton, il se tourne crânement et définitivement vers l'art moderne : il fréquente dès lors Tzara, Aragon, Eluard, jeunesse qui l'enthousiasme et à qui il demande correspondance ou manuscrits. Il côtoye également Picabia, Man Ray, Derain, Matisse ; il achète leurs tableaux, collectionne l'art nègre, s'éprend de sa dernière acquisition, La Charmeuse de serpents du Douanier Rousseau (qu'il lèguera au Louvre, au grand dam des conservateurs).

Mais Doucet a des visées plus vastes ; dès 1909, il finance des «cellules de recherche» concernant l'histoire de l'art dans son exhaustivité. Il commande de véritables programmes de recherche, s'entourant des plus éminents spécialistes, comme Van Gennep, Vuaflart. Il s'intéresse à tout, achète sans compter et vend avec désinvolture (lors de la vente de la majorité de sa collection d'art, en 1912, Doucet joue au golf). Son intuition impressionne, Chapon parle de «prescience» ; Doucet est un des premiers à comprendre la valeur des manuscrits. Dès 1917, il offre sa bibliothèque à l'Université de Paris ; immédiatement, il en entreprend une nouvelle, qu'il lèguera à l'Université en 1926.

Afin d'évoquer cette impressionnante collection – 450.000 livres imprimés dont 120.000 catalogues de vente, 280.000 photographies, 12.500 estampes, 300 recueils de gravures, entre autres –, cinquante chefs-d'œuvre sont présentés dans ce livre par trente-deux spécialistes. En hommage à Jacques Doucet qui s'était entouré de collaborateurs compétents et passionnés, l'INHA s'est «inspiré de ce grand exemple pour mener à bien ce petit livre : les notices sont dues à la passion des collaborateurs de la Bibliothèque et à la générosité des personnes qui l'utilisent». Les exceptionnelles épreuves de Goya y Lucientes, les manuscrits originaux du fameux Journal de Delacroix, les estampes animalières du célèbre Utamaro illustrent la diversité et la qualité de cette collection, toujours commentée avec érudition.

Avec «Le don de la collection», l'écrivain Bernard Comment introduit l'ouvrage en prêtant son style à une méditation sur l'art, l'art de lire, l'art de collectionner. De manière aussi fluide et agréable qu’une flânerie entre les rayons d'une bibliothèque, Bernard Comment passe d'une analyse warburgienne de la Bibliothèque aux souvenirs plus personnels de sa démarche d'écrivain, à la théorie de la plantation de bananiers selon Robbe-Grillet. On sent que pour ce pensionnaire de la villa Médicis, auteur d'une dizaine de livres et d'essais, la bibliothèque est un lieu de délectation, où la tentation d'érudition est toujours présente. A travers ses lignes, on ressent toute l'admiration que lui inspire Jacques Doucet, cet homme singulier qui a su reconnaître et apprécier les plus grands écrivains de son temps. Ce livre est un bel hommage, qui enchantera tous les amoureux de bibliothèques.


Noémie Wansart
( Mis en ligne le 19/04/2004 )
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