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Les pieds dans le plat
  collectif   Picasso et la céramique
Hazan 2004 /  7.33 € -  48 ffr. / 287 pages
ISBN : 2-85025-910-1
FORMAT : 25x29 cm

Catalogue d’une exposition se tenant :
- au Musée national des Beaux Arts du Québec de Québec, du 6 mai au 26 août 2004.
- au University of Toronto Art Centre, du 28 septembre 2004 au 23 janvier 2005.
- au Musée Picasso d’Antibes, du 12 février au 29 mai 2005.

L'auteur du compte rendu : Béatrice Brengues a une formation d'historienne de l'art, elle s'intéresse aux arts décoratifs du XXe siècle et poursuit des recherches sur le sculpteur Joachim Costa. Elle travaille parallèlement à Drouot chez un commissaire priseur.

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Ce livre explore les rapports de Picasso à la céramique. La production de Picasso fut importante puisqu’on l’estime à 4500 pièces dont une partie est éditée. L’intérêt pour ce pan de la création de Picasso n’est pourtant qu’assez récent puisque l’histoire de l’art ne s’est souvent préoccupée que de peinture et de sculpture et a longtemps dédaigné ce qui pouvait apparaître comme art mineur. Depuis quelques années, les expositions et les catalogues sur ce thème se succèdent, et la bibliographie déjà abondante s’arrête souvent à dire que la céramique ne fut qu’un nouveau médium pictural et sculptural pratiqué comme un jeu par l’artiste au sortir de la guerre.

Ici, le propos est de montrer en quoi Picasso fut un véritable céramiste et pas seulement un peintre et sculpteur sur argile. En effet, l’artiste a su saisir, auprès de l’atelier Madoura et plus particulièrement de sa fondatrice Suzanne Ramié, céramiste, la subtilité profonde de ce matériau, ses techniques, mais aussi sa fragilité et la radicalité de l’épreuve du feu qui procure à la discipline céramique une dimension divine en réunissant les quatre éléments : l’eau, la terre, l’air et le feu.
Un article de Harald Theil, «Les dessins préparatoires aux céramiques de Picasso», vient, par l’analyse de croquis des années 1947/1948, conforter l’idée que même si Picasso ne maîtrisait pas le tournage des pièces de formes, (pratique qui nécessite des années d’apprentissage), il comprenait intrinsèquement leur structure et leur construction ainsi que les possibilités d’assemblage. Le texte d’Emmanuelle Delorme au titre bien étrange de «Vallauris, c’est Picasso !» traite des affiches produites par Picasso pour les expositions annuelles de céramique à Vallauris, réalisées par le procédé de la linogravure et qui eurent un triple enjeu : à la fois mettre en image le métier de potier, valoriser la création vallaurienne, et inventer un nouveau mode d’estampage de la pâte pour l’édition céramique. Mais ce ne fut pas là la seule innovation technique, et Yves Peltier, qui fait partie de l’atelier Madoura (et n’a donc pas un regard très critique !), nous fait partager les conditions de travail mises en oeuvre au sein de l’atelier pour que le Génie fasse ce que l’on attend de lui : de l’ingénieux génial (mais commercialisable si possible !). Soutenu par des gens de grande compétence, Picasso trouvait un espace d’expérimentation unique qui lui était dévolu où il pouvait alors dépasser certaines conventions techniques. Le livre se termine par le texte «sources et ressources de la céramique» de Paul Bourassa et Léopold L. Foulem, qui se basent sur l’analyse des oeuvres et montrent leur évolution ainsi que l’inspiration des styles et civilisations antérieurs (Chine, Manises, majolique italienne, Palissy, trompe l’oeil d’Espagne ou de Sèvres...), illustrant ce mot fameux du Maître : «s'il y a quelque chose à voler, je le vole». Mais plus que cleptomane des formes, il fut avant tout receleur d’idées et de concepts qui permirent la permanence de son oeuvre.

L’ensemble de ces textes est fort intéressant mais si les conservateurs des musées organisateurs ambitionnent que cet ouvrage «constitue sans conteste un apport important et durable à l’avancement des connaissances aussi bien sûr Picasso que sur l’histoire de la céramique» (p.10), c’est certainement grâce au brillant article «rencontres avec la céramique» de Paul Bourassa. L’auteur, en historien et en historiographe, retrace l’intérêt précoce de Picasso pour ce médium, dès 1891, qui se ponctue de nombreux essais jusqu’en 1948 quand Picasso s’installe à Vallauris pour ne plus cesser de le pratiquer jusqu’à sa mort en 1971. Dans son cheminement, Picasso rencontre des céramistes, des artistes et des mouvements théoriques du début du siècle prônant une production artistique de masse ce que Picasso mettra en pratique après la Seconde Guerre mondiale. Bourassa décortique tout le puzzle céramique de Picasso, pièce par pièce, croquis par croquis, année par année. Il démêle les différentes versions, en récolant des sources très nombreuses et étaie son propos d’une iconographie intelligente et originale.

Si l’on doit faire une critique à ce livre, on peut noter son absence de contexte (notamment en histoire de l’art : Arts & Craft, Bauhaus, politique vichyste du retour aux métiers d’art...) en se centrant sur le héros créateur que fut Picasso. Evidemment on ne peut pas reprocher à un livre sur Picasso de nous parler du fameux artiste, mais il est toutefois étonnant de remarquer à quel point la personnalité de l’artiste obnubile les auteurs qui usent et abusent des fulgurances verbales du Maître semées au gré du texte, comme de certains clichés de grands photographes qui rappellent à quel point il est médiatique et que, auprès du grand public, sa vie fascine plus que son oeuvre.

On peut également regretter cette phrase du dernier paragraphe qui fait office de conclusion : «Plusieurs céramistes ont certes suivi ses traces [...] au détriment d’une approche orientale alors dominante. Pensons à la cohorte qui a gravité à Vallauris, aux picassiettes[...]que Bernard Leach a qualifié de désastre international...». Cette citation tout à fait hors contexte du céramiste anglais vient discréditer le formidable élan auquel participèrent de nombreux céramistes dans les années d’après guerre. Car, sans vouloir discuter la place essentielle que tient Picasso dans la céramique du XXe siècle, on peut toutefois affirmer que la révolution céramique aurait eu lieu sans lui. Il en aura été le phare et le révélateur.


Béatrice Brengues
( Mis en ligne le 09/06/2004 )
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A lire également sur parutions.com:
  • L’art de la céramique dans l’architecture musulmane
       de Porter Yves , Gérard Degeorge

    Ailleurs sur le web :
  • Site du Musée National des Beaux Arts du Québec - Présentation de l'exposition Picasso et la céramique
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