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La vertu malheureuse
Charles  Pinot-Duclos   Histoire de Madame de Luz
La Table Ronde - La petite vermillon 2001 /  1.05 € -  6.87 ffr. / 144 pages
ISBN : 2-7103-2391-5
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"Il semble que la vertu d’une femme soit dans ce monde un être étranger, contre lequel tout conspire". C’est sur cette phrase que s’ouvre le roman de Charles Pinot-Duclos, annonçant d’emblée la couleur de cette oeuvre de moraliste fortement influencée par la pensée libertine. Enrichie du sous-titre Anecdote du règne d’Henri IV, l’histoire de Madame de Luz s’inscrit au coeur d’une réflexion plus générale sur les moeurs et les complots de la vie de cour au 17ème siècle, un peu à la manière d’un Saint-Simon, bien que l’auteur n’en soit pas contemporain.

L’intrigue, assez similaire à celle d’un roman classique traditionnel, est simple ; la narration se veut linéaire et chronologique. A peine mariée, Madame de Luz prend conscience de sa passion réciproque pour Monsieur de Saint Géran avec lequel elle a grandi. Elle décide cependant de réprouver ses sentiments, contraires à l’idée qu’elle se fait de l’honneur et de la vertu.

Pendant ce temps, une intrigue dans laquelle Monsieur de Luz se trouve impliqué, est menée contre l’autorité royale. Convaincue de son innocence et effrayée par la perspective d’une condamnation exemplaire, cette femme va tenter l’impossible pour sauver son mari bien que celui-ci représente un obstacle à sa passion.

Pour cela, elle tente de fléchir l’un des principaux juges du procès : Monsieur de Thurin, soupirant qu’elle a jadis éconduit. Ce dernier profite de la situation et soumet Madame de Luz à un terrible chantage : la libération de son mari contre sa possession physique. Après avoir tenté de résister, Madame de Luz finit par céder à ses avances. Elle ne se remettra jamais d’un tel sacrifice attirant sur elle les foudres du désir et l’entraînant dans une spirale de fautes charnelles dont elle tente désespérément de s’échapper.

Charles Pinot-Duclos peint ici la vertu malheureuse. Nous promenant à travers les états d’âme de son personnage féminin, il tente d’en mettre à jour les schémas essentiels. Cela nous porte nécessairement à la comparaison avec Sade, en particulier dans Justine ou les infortunes de la vertu. Sade qui conservait les écrits de Pinot va jusqu’à affirmer que "la fatalité sauve inévitablement le crime en immolant la vertu". Cependant, notre auteur ne semble pas tirer dans un premier temps les mêmes conclusions de son intrigue. Mettant en opposition le vice et la vertu, il dégage une figure féminine torturée mais lumineuse (luz = lumière), plus proche de l’œuvre d’un moraliste que la plupart de ses œuvres libertines. L’éclat de sa vertu ne ressort que mieux de cet effet de contraste ménagé par l’auteur.

Cette oeuvre se trouve au carrefour entre le roman psychologique et le roman de moeurs. Quant au style, il se veut et se fait léger malgré la lourdeur de certaines questions ressassées par le personnage principal. L’écriture est en perpétuelle ouverture pour une plus grande vraisemblance mais aussi parce que la forme en est l’interrogation, outil emblématique de la philosophie libertine.

L’innocence de Madame de Luz cependant peut parfois paraître ambiguë tant les faits s’acharnent à la réalisation d’un crime auquel elle tente désespérément de se soustraire. Il semble donc un peu simpliste de considérer cette œuvre, ainsi que le fait l’auteur de la préface, comme une sorte de Princesse de Clèves libertine. En effet, bien que Pinot-Duclos fasse ici le portrait de la vertu malheureuse et accablée, le désir comme pouvoir dominant apparaît à fleur de texte avec une violence contenue dont le réalisme se trouve limité par l’esthétique classique (Sade la prendra à contre pied). Le dénouement nous montrera avec force le non-sens d’un tel combat au nom de la vertu, faisant de cette destinée particulière engagée dans les vicissitudes de l’existence une figure emblématique de la vertu mais aussi du malheur.

Charles Pinot-Duclos joue donc sur l’ambiguïté de son oeuvre, sans doute pour se préserver de la censure mais aussi pour susciter chez son lecteur le doute quant à l’interprétation de ses propos, ce qui en fait tout le sel.


Emilie Wemaëre
( Mis en ligne le 05/03/2001 )
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