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La mère qu’on voit partout
Guillaume  Sorel   Mother
Casterman 2000 /  1.84 € -  12.06 ffr. / 46 pages
ISBN : 2-203-38944-3
FORMAT : 23 X 32
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Il est des enfants dont le destin semble très tôt scellé par les parents : William a été élevé par sa mère pour devenir un artiste et atteindre les plus hauts sommets de la peinture. Elle lui montre les toiles de ses prédécesseurs, l’emmène dans les galeries d’art, détruit les toiles qui ne lui parlent pas. Elle va jusqu’à faire de son fils un fou qui cherche même à la tuer et se fait interner : jusque dans l’hôpital psychiatrique où se trouve William tout au long de l’album, elle veut qu’il continue à peindre.

Imprégné de cette injonction -"dès que tu voudras te remettre au travail, je serai toujours là"-, incapable de la moindre révolte, il obéit jusqu’à son oeuvre ultime après laquelle il trouve la mort : celle-ci l’a littéralement vidé de son sang, à moins que ce ne soit sa propre mère, cachée dans la toile ?

Suicide ou meurtre, ce n’est pas la question la plus importante, car Mother est avant tout l’histoire d’une émancipation ratée, d’une libération qui ne peut passer que par la mort : l’essentiel est alors dans la disparition commune de ces deux êtres si fusionnels qu’ils en confondent l’amour et la haine en une démence ultime.

Les peintres sont parfois réputés pour puiser leur génie dans leur folie: pour mettre en scène l’histoire de cet artiste possédé par une mère omniprésente et démoniaque, Guillaume Sorel a manifestement trouvé matière dans son imaginaire de torturé. Comment en effet qualifier autrement le graphisme de cet album ? Les figures semblent coupées au couteau, le découpage des images rappelle les thrillers les plus angoissants, les scènes de violence trouvent leur force dans une subtile et soudaine suggestion.

Sorel alterne avec talent entre deux parti-pris graphiques aux fonctions bien distinctes : pour les scènes du présent, celles qui se passent à l’hôpital psychiatrique, il utilise des couleurs sombres et des lumières confinées qui accentuent l’ambiance pesante de ce lieu clos Dans cet espace, la mère, obstacle à l’émancipation de William, réapparaît là où on ne l’attend pas, sûre d’elle et toujours victorieuse.

Pour évoquer les souvenirs, en revanche, l’auteur crée des images passées, qui se succèdent de façon saccadée, et leur donne un relief étonnant qui souligne le surréalisme des songes de William. Dans cet univers inquiétant, la mère se transforme en vampire, sans que l’on sache si cette mue n’existe que dans le délire du fils, ou si cette hypothèse donne réellement les clés du dénouement. Après tout, à l’aube, les vampires s’évaporent et, repus, laissent bien leur victime exsangue.

Sorel cultive l’ambiguïté jusque dans les interrogations du docteur : à l’image d’un album qui oscille entre un réalisme effrayant et une paranoïa angoissante, il se demande, en parlant d’un bout de toile rescapé où sourit la mère, si vraiment "il a vu cette écume sanglante aux commissures de ses lèvres". Le lecteur n’en sait pas plus et referme l’album à la fois soulagé et fasciné. Ereinté aussi d’avoir été si tendu pendant tout ce temps, captivé par un chef d’oeuvre de bande dessinée.


Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 04/09/2000 )
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