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| Bande dessinée -> Humour |
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Joann
Sfar Le chat du rabbin (tome 3) - L'Exode
Dargaud - Poisson Pilote 2003 / 1.44 € - 9.45 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-205-05497-X
FORMAT : 22,5 x 29,7 cm
Préface de Georges Moustaki.
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Moins puissant, moins étonnant, moins tartarinesque… Le troisième tome du Chat du rabbin est sans doute moins quelque chose. Pourtant, ce serait bouder son plaisir que de s’en tenir à ce constat. Joann Sfar nous avait bien étonnés, «scotchés» même, avec le premier volume des aventures de son chat rebelle qui, après avoir avalé un perroquet, s’était mis à parler et à claironner ses points de vue iconoclastes sur le monde et la religion mosaïque. Dès le tome 2, pourtant, il perdait la parole, pour avoir prononcé le nom de Dieu (le bougre !) et sa maîtresse, Zlabya, rencontrait un jeune rabbin parisien dont elle tombait amoureuse. Cette fois, ça y est, ils se sont mariés. Le rabbin et son chat se retrouvent un peu comme deux âmes en peine mais décident quand même d’accompagner le jeune couple en voyage de noces. Ce sera l’occasion de faire connaissance avec la belle-famille dans la capitale française. Voilà où nous mène «L’Exode» : dans un Paris souvent nocturne et trempé par la pluie.
Les rapports entre beau-père et beau-fils ne vont pas tarder à devenir électriques. Le vieux rabbin laissera bien vite les deux tourtereaux seuls en famille. Errant dans la ville, il trouve refuge dans une église et expérimente, à sa manière, la Passion du Christ : perdu, en proie au doute, il va jusqu’à demander à Dieu de lui faire un signe. «Eternel, parle-moi. Eternel tu me vois, je vais transgresser tes commandements, dit-il devant un festin très peu cachère. Dis-moi de ne pas le faire. Dis-moi que je me prive depuis soixante ans de ces nourritures et que ça a servi à quelque chose. […] Il ne dit rien… il m’éprouve.» Les thèmes de la tentation et de la désillusion traversent ainsi tout l’album, assez sombre. Le chat, lui, déambule à la suite de son maître en compagnie d’un chien parigot dont il s’est fait un ami : leurs dialogues et leurs petites aventures sont le contrepoint léger de cet épisode. On est d’ailleurs heureux de retrouver les réflexions du chat, dont les discussions avec son maître faisaient tout le charme et la force du premier tome.
Sfar s’essoufflerait-il dès le troisième tome de sa série best-seller (les deux premiers albums se sont vendus respectivement à 65000 et 55000 exemplaires) ? Il est vrai que le personnage du jeune rabbin, assez présent dans cet album, est plutôt antipathique et sans profondeur. Sfar lui-même avoue ne pas le porter dans son cœur et vouloir s’en débarrasser. Mais «L’Exode» gagne à être relu. On y relèvera alors avec plus d’attention les ondes dépressives qui secouent le rabbin et sa fille, plus émouvantes qu’à la première lecture. On espère toutefois que le prochain tome, «Le Paradis terrestre», qui aura pour décor l’Erythrée, puisera dans le prévisible soleil ambiant l’énergie et l’originalité qui nous avaient tellement séduits au tout début des aventures du Chat.
Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 13/10/2003 )
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de Joann Sfar |
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