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| Bande dessinée -> Humour |
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Miguelanxo
Prado Chroniques absurdes (tome 2) - Un monde de brutes
Dupuis - Expresso 2004 / 1.45 € - 9.50 ffr. / 56 pages
ISBN : 2-8001-3606-5
FORMAT : 24 x 32 cm
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« Un monde de brutes », assurément. Ça commence par une vilaine beigne donnée à un gamin crétin, et ça finit par le passage à tabac d’un marchand de légumes par une mégère déchaînée. Entre les deux, une cinquantaine de planches consacrées à la bêtise humaine, à la stupidité sous toutes ses formes, à l’égoïsme forcené et à la méchanceté gratuite. L’univers de Miguelanxo Prado est plein de ces beaufs sauvages et décérébrés, de ces petites vieilles plus dangereuses qu’une bande de blousons noirs, d’enfants terribles et d’escrocs pétris de mauvaise foi. Au milieu, seul contre tous, il y a l’individu trop gentil, trop normal pour pouvoir survivre et qui se fera inévitablement broyé par les autres.
Ce deuxième tome des Chroniques absurdes de l’auteur espagnol reprend dans l’ordre original de leur parution quinze courtes histoires (de trois à cinq planches) aussi cruelles que drôles, racontées avec panache et un style graphique unique. Après les sportifs ou la police du premier tome, ce sont maintenant les vacanciers, la télé ou encore les garagistes qui passent sous le crayon pointu de Prado. Et puis toujours aussi les mêmes têtes de turcs comme ces mémères gagas de leur roquet ou ces représentants d’une justice balourde et peu scrupuleuse.
Là où Prado fait toujours mouche, c’est dans l’évocation d’une situation anodine qui dégénère soudainement vers l’horreur la plus totale. Trois pommes à acheter dans un supermarché et vous voilà pris à partie par un troupeau de ménagères de moins de cinquante ans, la bave aux lèvres et expertes en ju-jitsu. Et entre deux épisodes de ce quotidien délirant, c’est le Prado plus franchement absurde qui prend la relève comme dans cette histoire où un inspecteur du travail fait la leçon à trois sorcières oeuvrant, forcément, au noir.
Travaillant en couleurs directes, Prado prouve dans ces planches que l’on peut faire preuve de virtuosité et de maîtrise graphique sans jouer l’esbroufe. Pas de mise en page alambiquée, ni de grandes démonstrations techniques, l’auteur s’attache avant tout à raconter ses petites histoires, avec le plus d’efficacité possible. Le résultat est plus que convaincant et cette critique grinçante d’une société déjantée reste toujours sinistrement drôle.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 05/09/2004 )
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