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Histoire & sciences sociales  ->  Antiquité & préhistoire  
 

Autour du Carcer
Yann  Rivière   Le Cachot et les fers - Détention et coercition à Rome
Belin - L'antiquité au présent 2004 /  3.8 € -  24.90 ffr. / 383 pages
ISBN : 2-7011-3594-X
FORMAT : 14x20 cm

L'auteur du compte rendu : Christophe Badel, professeur d'histoire romaine à l'Université de Rennes II, est un spécialiste des structures politiques et sociales de la Rome impériale. Il a dirigé un recueil de documents, Sources d'histoire romaine, Ier siècle av. J.-C.-début du Ve siècle apr. J.-C, (Larousse, 1993), et rédigé plusieurs ouvrages liés au programme de l'agrégation et du CAPES (dont L'Empire romain au IIIe siècle après J.-C., Textes et documents, SEDES, 1998).
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Procès à scandales et débats sur la surpopulation carcérale ont mis la question des prisons au centre des réflexions sur les problèmes politiques et sociaux dans la France actuelle; mais toutes les civilisations n'ont pas eu forcément le même usage punitif de la prison. C'est ce que rappelle fort à propos l'ouvrage passionnant de Yann Rivière, maître de conférences à l'École des Hautes Études en Sciences sociales, sur la prison dans la Rome antique. Il poursuit ainsi une réflexion sur le fonctionnement de la justice romaine, ouverte par sa thèse sur Les Délateurs sous l'Empire romain (2002). Ce livre prend sa source dans la réunion d'articles déjà publiés mais la réécriture lui confère une réelle unité conceptuelle, même si la dernière partie sur la recherche des esclaves fugitifs s'intègre moins bien dans l'ensemble.

Une première partie s'intéresse à la prison de Rome, le carcer, composé de deux pièces superposées, et placé dans le coeur politique de Rome, sur le forum, près de la curie, salle de réunion du Sénat. Cette centralité apparaît avec évidence lors du triomphe, lorsque l'imperator passait devant le cachot avant de monter au temple de Jupiter Capitolin et ordonnait alors l'exécution de certains captifs qui précédaient son char dans le cortège. Les chefs ennemis étaient normalement étranglés dans le carcer, à l'exemple du Numide Jugurtha et du Gaulois Vercingétorix. Car la prison à Rome ne figura jamais dans l'arsenal des peines - différence essentielle avec notre société - mais était seulement le lieu où des inculpés attendaient leur procès et les condamnés à mort leur exécution. C'est ce que rappelle avec force la deuxième partie consacrée à l'emprisonnement. L'auteur y réaffirme cette thèse traditionnelle depuis le grand savant allemand du XIXe siècle, Mommsen, et démontre de façon convaincante que la peine des "chaînes" peut faire référence à une forme de flagellation où à la condamnation aux travaux forcés, mais en aucun cas à l'emprisonnement.

La troisième partie glisse de Rome vers les provinces de l'Empire pour insérer la prison dans le processus judiciaire dont elle était un des ressorts. Centrée essentiellement sur les persécutions chrétiennes, elle donne l'occasion, entre autres, d'une relecture de l'exécution des "Martyrs de Lyon", en 177. A cette occasion, on peut remarquer que les gouverneurs utilisèrent la prison comme un moyen d'extorquer des aveux - à l'image de certains juges d'instruction actuels - dans le cadre d'une procédure "inquisitoire" où la situation d'urgence justifiait les entorses au droit commun. Ces mêmes gouverneurs - mais pas seulement eux - pouvaient aussi être amenés à rechercher des esclaves fugitifs à la demande de leur maître, thème de la dernière partie. Lorsqu'ils étaient repris, ceux-ci n'étaient pas marqués au fer rouge sur le front, comme on l'a longtemps pensé, mais plus "simplement" tatoués, afin de stigmatiser leur indocilité.

D'une grande richesse, l'ouvrage fait des mises au point utiles sur certains "classiques" de l'histoire romaine. Ainsi, les Gémonies, cet escalier proche du carcer, où les cadavres des condamnés étaient exposés, ne joua ce rôle que sur un court laps de temps, du règne de Tibère (14-37) à la guerre civile de 68-69. De façon plus profonde, il permet de mieux appréhender les conditions matérielles de la détention, qui n'avaient rien de commun avec la situation présente. Pendant la journée, les détenus vivaient à l'air libre dans un espace ouvert proche de la prison et ils couchaient le soir dans un vestibule attenant au carcer. L'enfermement dans le cachot proprement dit intervenait seulement pour accroître la contrainte ou renforcer la sécurité.

L'impact du christianisme constitue sans doute l'un des fils rouges de l'étude, et Y. Rivière est amené, après d'autres, à le relativiser. Marquée par la tradition, la législation de Constantin (320) n'est pas plus "humaine" que celle de ses prédécesseurs, qui menaçaient déjà de sanctions les geôliers cruels. Si le premier empereur chrétien décide de punir aussi les gouverneurs qui ne réprimeraient pas les excès de leurs subordonnés, c'est plutôt par désir d'affirmer l'autorité de l'État. En revanche, lorsque certains évêques construisent leurs propres prisons pour accueillir les inculpés, ils ouvrent bien une nouvelle époque marquée par l'investissement de l'espace carcéral par l'Église.


Christophe Badel
( Mis en ligne le 27/07/2004 )
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