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Histoire & sciences sociales  ->  Période Moderne  
 

Celui qui entre par la porte... (Jean, X, 3)
Christian  Duverger   Cortés
Fayard - Biographies 2001 /  3.75 € -  24.53 ffr. / 493 pages
ISBN : 2213609020
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Au dominicain Bartolomé de Las Casas, le défenseur des Indiens, qui lui reprochait un jour d’avoir mis la main sur Motecuzoma et son royaume, Hernán Cortés répondit en latin par l’allégorie du bon pasteur : « Celui qui n’entre pas par la porte est un voleur et un brigand » en sous-entendant la suite : « Celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis ». Pour Christian Duverger, qui occupe la chaire d’anthropologie sociale et culturelle de la Méso-Amérique à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, l’anecdote trahit la personnalité et les idées du conquérant du Mexique. Cette biographie dévoile au lecteur une personnalité insoupçonnée, éloignée des stéréotypes du conquistador qu’incarnent Balboa, l’inventeur du Pacifique, et Pizarro, le destructeur de l’empire Inca.

Conquistador atypique, Hernán Cortés (ca 1485-1547) ne l’est cependant pas par son origine puisqu’il est né en Estrémadure, comme nombre de ses semblables, dans une famille d’ancienne noblesse ayant connu quelques déboires. Il l’est davantage par ses humanités commencées, mais jamais achevées, dans l’illustre université de Salamanque : Cortés parle le latin et manie la plume aussi bien, si ce n’est mieux, que l’épée. Il le prouve à maintes reprises en multipliant lettres et relations à destination des autorités espagnoles et du roi pour justifier son action, défendre ses idées et ses projets. Voilà pour l’image du conquistador, personnage violent prompt à liquider ses ennemis.

Rien ne prédestinait donc ce petit hidalgo à devenir un conquistador. Son embarquement pour Saint-Domingue à dix-neuf ans lui ouvre les portes d’une Amérique inexplorée où il passe trente-quatre années de sa vie. Après Saint-Domingue viennent Cuba puis le Mexique (1519), conquis avec une poignée de canons et de chevaux, quelques centaines d’Espagnols et le soutien de plusieurs milliers d’Indiens désireux de se débarrasser de la férule des guerriers aztèque. En dépit de ces derniers qui, lors de la Noche Triste (30 juin 1520), faillirent mettre un terme à l’aventure, et des agissements de conquistadors et administrateurs coloniaux concurrents, Hernán Cortés est nommé par Charles Quint, le 15 octobre 1522, gouverneur, capitaine général et juge suprême de Nouvelle-Espagne.

Christian Duverger développe longuement ce qu’il nomme le "projet cortésien", expliquant qu’Hernan Cortés entretenait une vision différente des indigènes et du Nouveau Monde. Vision où vaincus et vainqueurs construirait une société qui n’est pas sans rappeler l’Utopie de Thomas More (1516), même si le conquérant n’a jamais été aussi loin dans la description de ses projets. Pour preuve de ceux-ci, Christian Duverger met en exergue non seulement les démêlés de Cortés avec une couronne nécessiteuse de l’or américain, mais aussi les mesures prises par le vice-roi pour protéger les autochtones des nouveaux maîtres du pays, ainsi que les rapports étroits entretenus avec la population indienne représentés par ses nombreuses conquêtes féminines et ses armoiries à double-sens.

Las, les divergences avec la politique et les besoins de Charles Quint entraînent la déchéance du vice-roi dont le pouvoir est contesté par d’autres conquistadors, puis des rappels en Espagne pour qu’il se justifie devant la couronne en 1528-1530 et 1540-1547. C’est en Espagne qu’il meurt le 2 décembre 1547 alors qu’il a passé plus de la moitié de sa vie de l’autre côté de l’océan. L’échec de Cortés devient patent avec l’échec de la tentative de coup d’Etat de ses fils contre le pouvoir colonial, l’arrivée de l’Inquisition remettant en cause l’œuvre franciscaine en 1571 et les tribulations de sa dépouille du monastère de San Isidro del Campo (Séville) à l’église de l’hôpital de Jésus (Mexico). L'appropriation du passé colonial par un Mexique devenu indépendant n'allait pas de soi...

La grande force du travail de Christian Duverger est d’offrir une perception moins européenne du conquistador au profit d’une approche plus indienne, une vision des vaincus, en quelque sorte. Soucieux d’introduire au mieux ses lecteurs dans le Nouveau Monde en passe d’être colonisé, l’auteur n’a pas négligé de munir le livre de cartes de l’Espagne après la Reconquista, des Antilles et du Mexique aztèque, ainsi que d’un glossaire où les termes espagnols voisinent avec les termes taïnos, mayas ou nahualt et de multiples illustrations judicieusement réparties. Pratique bien établie dans la collection, les notes, la bibliographie, les repères chronologiques, les arbres généalogiques et l’index onomastique sont rassemblés en fin du volume.

Reste que, s’il est parfaitement à l’aise lorsqu’il arpente le Mexique au côté de Cortés, non sans un certain sens du romanesque il faut bien le dire, Christian Duverger l’est moins lorsqu’il évoque l’Europe de l’époque moderne naissante soit que sa réflexion sur la connaissance de l’existence de terres occidentales entretenue par Christophe Colomb appelle des explications ou des références bibliographiques, soit que la participation à l’élection impériale d’un comte palatin de Bavière nécessite une correction, le comte palatin du Rhin, électeur du Saint Empire, étant issu d’une branche cadette de la famille des Wittelsbach, famille des ducs de Bavière, électeurs à partir de 1648 seulement.

La critique est facile. Fort heureusement le compliment peut l’être aussi et il est assuré que cette biographie d’Hernán Cortés mérite qu’on s’y attarde pour son côté picaresque comme pour ses apports historiques novateurs.


Hugues Marsat
( Mis en ligne le 23/11/2001 )
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