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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

L'empire en sa province
Jean  Tulard   La Province au temps de Napoléon
Editions SPM - Collection de l'Institut Napoléon 2003 /  2.29 € -  15 ffr. / 197 pages
ISBN : 2-901952-40-2

L'auteur du compte rendu: Natalie Petiteau, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Poitiers, est historienne de la société du XIXe siècle et de la portée des années napoléoniennes. Elle a notamment publié Napoléon, de la mythologie à l'histoire (Seuil, 1999) et Lendemains d'Empire: les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle (Boutique de l'histoire, 2003).
Elle est par ailleurs responsable éditorial du site http://www.calenda.org.

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Ce livre est en fait la transcription, par Jean Tabeur, d’une année de conférences de Jean Tulard à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Spécialiste reconnu de l’histoire de l’Empire, Jean Tulard, en abordant ce thème, propose d’étudier un aspect majeur de la période napoléonienne, invoquant l’histoire économique, sociale et culturelle très largement négligée par les historiens des années 1800-1815.

L’ouvrage s’ouvre par une introduction qui tente de définir la province en renvoyant à la création des départements et au déroulement de la Révolution, laquelle fait finalement voler en éclats l’unité provinciale puisqu’il y a divergence d’attitudes à l’égard de Paris.

La première partie est intitulée «La province et les institutions». L’enquête de l’an IX a révélé la situation de la province au sortir de la Révolution, mettant en évidence le mauvais état des routes sur l’ensemble du territoire national, l’importance du brigandage dans le Midi, la dégradation des forêts dans l’Est, la misère dans l’Ouest. Mais si la situation de la France est ainsi présentée sous un aspect très noir, c’est aussi dans le but de servir la propagande de Bonaparte. Il n’en demeure pas moins que les communications entre Paris et la province sont lentes : les idées et les informations parviennent avec retard aux provinciaux. Ce sujet est l’occasion pour Jean Tulard de rappeler l’histoire du télégraphe aérien et de la poste aux lettres, celle des aubergistes, des voyageurs et des colporteurs, ou encore celle du rôle des Ponts-et-Chaussées dans la remise en ordre du réseau routier. La loi de centralisation du 17 février 1800 vise à atténuer ce décalage Paris-province, notamment en chargeant le préfet d’exécuter strictement les actes et les ordres du gouvernement. Jean Tulard rappelle alors les institutions mises en place par cette loi, puis les modalités de son application, laquelle a soulevé la question du recrutement des préfets et des maires. Il développe ensuite nombre de ces anecdotes qui faisaient les délices de son auditoire de l’EPHE sur les circonstances de l’arrivée des préfets dans leurs départements. Il n’omet pas pour autant de conclure que le nouveau personnel administratif est issu tout à la fois de l’Ancien Régime et de la Révolution. Quant à l’action même des préfets, elle est évoquée parfois de façon trop allusive : on veut bien le suivre quand il indique que l’entretien des routes se fait par un rétablissement déguisé de la corvée, mais on ne comprend guère que cela puisse passer par l’emploi des Tziganes «récupérés» sur les routes. Et l’on se demande bien en quoi le préfet Delattre est initiateur du pont d’Avignon… On aimerait en revanche des conclusions plus fermes sur les fonctionnements et dysfonctionnements de l’administration préfectorale, lesquels peuvent tout de même être bien connus grâce à l’abondance des archives départementales, dont on sent bien d’ailleurs le foisonnement derrière les propos de l’auteur, même s’il semble se référer plus souvent aux tout aussi précieux bulletins de police. Mais il est vrai que l’état actuel de la recherche scientifique ne permet guère ces conclusions.

La deuxième partie est consacrée à la société et aux notables, mais elle s’ouvre sur le rôle de l’autorité religieuse en province, afin de faire le point sur le Concordat et la nouvelle organisation du clergé. La vie religieuse connaît encore des oppositions aux décisions du pouvoir central, dans le cadre de la Petite Eglise notamment ; pour le reste, elle est encore marquée par une réelle ferveur, tandis que certains ordres religieux, féminins notamment, se reconstituent. Par ailleurs la politique religieuse de l’Empire favorise l’intégration des protestants et des juifs. À propos de la vie économique de la France, Jean Tulard tient à souligner que Napoléon a favorisé l’industrie française par sa politique de blocus, qui a protégé la France de l’industrie anglaise et qui a stimulé les ventes en Europe, par ses encouragements aux inventions françaises. On est loin ici des appréciations prudentes des historiens de l’économie – pensons notamment aux travaux de Patrick Verley - qui prennent d’ailleurs la précaution d’examiner cette question dans un temps plus long que celui des années 1800-1815. On ne peut cependant qu’apprécier la longue référence au voyage de l’Allemand Philippe-André Nemnich, qui visite les provinces françaises en 1809 et donne sa vision de la situation économique de la France d’alors. Quant à la société provinciale, elle est dominée par les notables, recensés scrupuleusement sur les listes de notabilités qui rassemblent les propriétaires fonciers – mais il n’y a pas dans ces pages-là beaucoup plus que ce qui a été publié dans les travaux de Louis Bergeron et de Guy Chaussinand-Nogaret.

La troisième partie est consacrée à la culture et aux loisirs, et comprend tout d’abord la présentation des célèbres lycées impériaux, puis de l’Université, dans un État qui a désormais le monopole de l’enseignement. L’exemple de Toulouse vient fort opportunément enrichir ce chapitre. De façon également fort intéressante, la présentation de la presse provinciale est faite au travers de deux journaux qui montrent comment la presse de province est le simple miroir du Moniteur, tout en présentant un intérêt sur le plan local. La vie culturelle s’exprime cependant bien davantage dans les Académies, en plein renouveau, fondées tout à la fois sur le goût pour les antiquités romaines mais aussi sur la volonté de diffuser les idées physiocratiques. Enfin, l’étude des divertissements conduit à un intéressant tableau du répertoire qui, sous l’Empire, est joué en province.

C’est en évoquant «sécurité et traditions» dans une quatrième partie que sont abordées les questions essentielles de la guerre et des groupes sociaux populaires. Ce sont du reste ces catégories sociales qui sont essentiellement concernées par la conscription, dont le processus est rappelé par Jean Tulard. Ce sont elles aussi qui ont à faire face aux réquisitions. Ce sont elles encore qui sont la cible de la propagande véhiculée par l’imagerie populaire. Mais on aimerait plus de preuves de l’attachement des paysans à Napoléon : certes de meilleurs salaires agricoles ou de meilleurs prix des denrées ont favorisé ce qui a constitué le substrat d’un certain bonapartisme rural, mais la société paysanne est-elle unanime ? Il est vrai que les apports des thèses d’histoire rurale qui ont englobé l’Empire dans leur chronologie –certes rares - ne sont ici guère pris en compte.

D’apparence, ce livre est bien différent de La vie quotidienne des Français sous le Consulat et l’Empire publié chez Hachette par le même Jean Tulard en 1978. De contenu, il diffère en effet par l’utilisation de sources imprimées nouvelles. Pour le reste, il révèle la difficulté à faire la synthèse de travaux nouveaux. Par ailleurs, si l’on veut bien comprendre qu’il y a certes là mise par écrit d’une histoire présentée oralement, on peut tout de même regretter que ce procédé autorise l’absence de toute référence archivistique et bibliographique, ce qui est fort dommageable sur un sujet qui devrait être novateur. De plus, le processus de la transcription ne rend guère agréable la lecture de ces pages où le style parlé transparaît trop souvent. Il serait donc bon qu’à l’avenir cette collection fort prometteuse se dispense de recourir à de tels procédés d’écriture.


Natalie Petiteau
( Mis en ligne le 09/02/2004 )
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