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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Huit femmes du premier cercle
Anna-Maria  Sigmund   Les femmes du IIIe Reich
JC Lattès 2004 /  2.75 € -  18 ffr. / 336 pages
ISBN : 2-7096-2541-5
FORMAT : 13x21 cm

L'auteur du compte rendu : agrégé d’histoire, Nicolas Plagne est un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure. Il a fait des études d’histoire et de philosophie. Après avoir été assistant à l’Institut national des langues et civilisations orientales, il enseigne dans un lycée de la région rouennaise et finit de rédiger une thèse consacrée à l’histoire des polémiques autour des origines de l’Etat russe.
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Comme Les Femmes d’Hitler de Knopp, Les Femmes du IIIème Reich (en allemand, Die Frauen der Nazis - «les épouses des nazis» - publié à Munich en 2000) est un ouvrage de synthèse et de vulgarisation sur les figures féminines de proue du régime hitlérien. Généralement mariées aux dirigeants du Reich, admiratrices inconditionnelles du Führer, elles partagèrent la vie, la foi, les heures de gloire et d’épreuve des chefs nazis. Elles servirent souvent d’exemples et de cautions voire de porte-parole à la politique nationale-socialiste auprès des Allemandes qui votèrent majoritairement pour Hitler et le NSDAP et donnèrent aussi à l’étranger une image «glamour» ou romantique du couple nazi modèle. Il est vrai qu’Hitler les cantonna toutes à un rôle conforme à son idée de la femme racialement pure et nationaliste d’obéissance conjugale, de dévouement domestique et d’adhésion naïve aux idéaux définis par les cerveaux masculins.

Publié avant celui de Knopp sur le même thème, le livre de Sigmund (universitaire de formation) se base sur les mêmes sources (le corpus est bien établi désormais et ne devrait guère s’élargir depuis la mort des derniers témoins et acteurs de l’entourage direct d’Hitler) mais en donne – c’est un intérêt de ce livre destiné à un public plus exigeant à ce sujet - une bibliographie substantielle quoique non exhaustive. Des notes en bas de page précisent l’origine des affirmations et des citations de l’auteur. Autre supériorité, encore méthodologique, sur Knopp : l’auteur se fait l’écho de certains débats d’interprétation sur les sources, quand Knopp se tient davantage à sa lecture des données ou reste plus allusif. Sur le fond, les auteurs sont parfois complémentaires mais s’accordent remarquablement, gage d’un large consensus des historiens, même si l’influence d’un autreur a pu jouer sur le travail de l’autre. Le choix des «femmes d’Hitler» offre un dernier point de comparaison : celles de Knopp incluaient les stars Zarah Leander, Marlene et l’égérie wagnérienne Winifred Wagner, mais pas les deux épouses du puissant et redoutable Goering, ce «complice d’Hitler» selon l’expression d’un des plus grands historiens du nazisme, David Irving. Elles figurent en revanche dans le livre de Sigmund qui traite également, comme Knopp, d’Eva Braun, de Magda Goebbels, de Leni Riefenstahl. Knopp laisse de côté l’amour platonique quasi-incestueux d’Hitler pour Geli Raubal, qui fait l’objet d’un chapitre chez Sigmund. Deux autres figures de ces huit femmes du IIIème Reich : la jeune Henriette von Schirach, épouse de Baldur, chef des jeunesses hitlériennes et Gertrud Scholtz-Klink, seule responsable politique nazie de sexe féminin, chef dérisoire et méprisée de la Ligue des femmes du Reich.

Le principe de sélection des auteurs ne tient pas au sexe mais à une optique qui explique ces choix : tandis que Knopp s’intéresse à l’homme Hitler et cherche à entrer dans sa psychologie pour éclaircir son mystère et dissiper la fascination, Sigmund est plus sensible à la part prise par certaines femmes décidées dans un régime pourtant misogyne. Les deux auteurs s’accordent d’ailleurs sur l’étrange fascination réciproque des nazis et des femmes, sur les contradictions entre discours et relations effectives ou affectives. Ils s’accordent aussi sur ces parcours étonnants de femmes très différentes, à certains égards féministes ou indépendantes, souvent ambitieuses et opportunistes, parfois fidèles à un double engagement politique et privé jusqu’à la fin.

Le livre débute par une synthèse, «Hitler et la femme allemande», qui insiste sur le décalage entre les femmes présentées ici et l’idéal officiel (les trois K : Kinder, Kirche, Küche : enfants, église, cuisine). Coquette sportive (Eva) ou grande bourgeoise divorcée (comme Magda Goebbels), aristocrate aventurière comme la première madame Göring, actrice et flambeuse comme la seconde, militante et propagandiste délaissant son foyer comme Gertrud Scholtz, elles ne prennent pas au sérieux le discours machiste du parti ou alors pas pour elles-mêmes ! Ce qui provoque parfois des mises au point humiliantes. Elles ont pourtant joué psychologiquement un rôle essentiel dans la vie de leurs compagnons.

Les chapitres défilent consacrés aux portraits de Carin Göring «idole nordique et personnage culte», morte en 1931 après avoir encouragé Hermann dans la voie du nazisme, conçu comme épopée chevaleresque (elle seule a droit à une sorte de culte officiel), puis Emmy, la remplaçante, actrice médiocre et ambitieuse (ridiculisée par Klaus Mann dans son roman Mephisto) qui joue habilement de la psychologie de Göring pour devenir la «grande dame» du Reich et partager les fastes monarchiques et la mégalomanie du pilleur d’art qu’est le maréchal-mécène, sans rien assumer des crimes du créateur de la Gestapo ; «première dame du Troisième Reich», Magda Goebbels (appelée bizarrement «Martha» - p.140), dont l’idylle avec le sioniste Arlosoroff est révélée – Sigmund pense que son meurtre mystérieux en 1933 est une affaire intra-sioniste, Knopp envisage un coup de Goebbels ; Leni Riefenstahl, «la reine des amazones», géniale cinéaste des forces primitives passée du sublime alpin et de la volonté sportive au triomphe de celle d’Hitler et de ses fêtes communautaires d’enthousiasme, de force et de discipline, vraie nazie de cœur, jusqu’à l’expérience des massacres de Pologne, amnésique et affabulatrice après 1945.

Les chapitres les plus originaux pour le lecteur de Knopp sont (avec ceux sur les épouses Göringl) consacrés à Scholtz et Schirach. Militante de base manipulée mais jamais reconnue comme une égale par la direction masculine du parti et méprisée par les grandes dames du régime, elle fait partie des «femmes de parade», selon l’expression condescendante et cynique d’Hitler (p.185), avec Riefenstahl et Winifred Wagner ; jamais reçue malgré ses demandes et sa dévotion par Hitler, elle prêche tour à tour les trois K, animant une académie des ménagères populaires, puis la mobilisation totale à l’usine (quand Hitler, trop tard, se décide au travail des femmes dans l’armement) ; fidèle à l’idéologie, elle plaide en vain pour la reconnaissance de certains talents «exceptionnels», car elle est considérée comme un rouage subalterne par Hitler ; restant nazie jusquà sa mort et défendant d’ailleurs la thèse d’égards nazis particuliers pour les femmes, elle incarne aveuglément une ligne idéaliste et relativement égalitaire dans le mouvement.
Henriette von Schirach, «élève du Führer», forme avec Baldur le jeune couple des protégés, des enfants gâtés d’Hitler. Incompétent à l’éducation de la jeunesse, Baldur devient Gauleiter épurateur de Juifs de Vienne et travaille avec Eichmann et Franck à la solution finale, mais échappe à la mort à Nuremberg par ses aveux partiels, tandis que sa femme, nazie «sentimentale» grondée par Hitler et entichée de «culture», ne pâtit guère de la dénazification.
Le lecteur s’informera aussi des hypothèses sur le «suicide» de Geli Raubal et sur l’étrange deuil d’Hitler : Hitler, qui n’est pas impuissant et n’a rien d’un eunuque - une vieille idée s‘effondre - ne dédaigne pas la chair dans les alcôves secrètes que son photographe Hoffmann lui prépare, et prétendra avoir renoncé au mariage par fidélité à sa nièce disparue ; le même Hoffmann présentera à «monsieur Wolf» (en allemand : «loup») son employée Eva Braun, future secrétaire «particulière» du Führer. La «godiche» (expression affectueuse privée !) deviendra madame Hitler quelques heures avant leur suicide.

Avec Knopp et Sigmund, nous disposons désormais d’un bilan fiable sur les femmes du premier cercle nazi, qui peut se comparer à l’histoire sociale des femmes et de la politique familiale du Reich.


Nicolas Plagne
( Mis en ligne le 12/05/2004 )
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       de Guido Knopp
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