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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

La Jeunesse chrétienne dans la France contemporaine
Gérard  Cholvy   Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France - (XIXè-XXè siècles)
Cerf - Histoire 1999 /  3.5 € -  22.9 ffr. / 419 pages
ISBN : 2-204-06099-2
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"Parmi les bilans qu'inspire l'approche de l'an 2000, une histoire de la jeunesse s'imposerait", écrivait Bertrand Poirot-Delpech dans le Monde du 10 février 1993. Le récent ouvrage de Gérard Cholvy apporte aujourd'hui une pierre de taille à l'édifice, en livrant sur les mouvements chrétiens de jeunesse non pas une synthèse, l'auteur lui-même récuse ce terme, mais plutôt un point des connaissances sur un sujet dont l'historiographie s'enrichit en permanence.

Les travaux sur les mouvements confessionnels se font, en effet, de plus en plus nombreux depuis une vingtaine d'années, en dépit de la faiblesse et de l'éparpillement des sources et au risque d'aboutir à un cloisonnement des connaissances. C'est pourquoi le mérite principal du livre de Gérard Cholvy est de livrer une vision cohérente et synthétique des mouvements de jeunesse confessionnels, catholiques et protestants, masculins et féminins, des lendemains de la révolution française jusqu'à nos jours. On ne perdra pas de vue, néanmoins, que cet ouvrage, oeuvre d'un grand spécialiste des mouvements de jeunesse, s'inscrit également dans un vaste débat sur la fonction desdits mouvements, et la thèse de l'auteur est ici que leur fonction intégratrice l'a emporté sur leur fonction contestataire, même si, ferments du changement, ils ont joué un rôle non négligeable dans le devenir des Eglises.


Les premiers chapitres dressent un tableau vivant de la renaissance puis de l'essor des oeuvres et des patronages au XIXè siècle. Parmi les nombreuses initiatives visant à prolonger l'éducation religieuse initiale et à regrouper la jeunesse, l'oeuvre fondée en 1799 par l'abbé Jean-Joseph Allemand à Marseille fait figure de modèle, du fait de l'association étroite du jeu et de la prière, et surtout du rôle éminent d'une élite d'auxiliaires laïcs dans un apostolat fondé sur les vertus de l'exemple. Vers 1860, l'existence des patronages repose essentiellement sur les réseaux des confrères de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, des Frères de Saint-Vincent-de-Paul et des Frères des écoles chrétiennes. A partir cette date, alors que naît en 1872 la première Réunion des oeuvres, les patronages connaissent un incontestable essor.

La laïcisation de l'école publique a, en effet, rapidement converti le clergé diocésain au patronage paroissial d'écoliers, dont l'archétype est le Bon Conseil, fondé par l'abbé Esquerré en 1894. Le temps, en effet, est pour les croyants à la constitution d'une contre-société, avec ses institutions et ses lieux de sociabilité.

La période 1886-1926 est celle du militantisme catholique. La naissance le l'ACJF marque une étape essentielle dans le regroupement et l'organisation d'initiatives jusque-là dispersées. La Réunion des jeunes gens, nouvelle forme prise en 1852 par la Congrégation jésuite, y occupe une place de choix, notamment avec ses cercles d'étudiants, comme la Conférence Olivaint ou la Conférence Laënnec. La principale nouveauté de la période est le développement de groupes d'étudiants, dont l'essor se traduit par la création en 1899, dans les milieux protestants, de la Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants puis, en 1921 de la Fédération française des étudiants catholiques.

Dans les années trente, l'heure est à la spécialisation, et Gérard Cholvy abandonne la trame chronologique de son ouvrage pour aborder successivement les différents types de groupements. L'approche globale, synchronique, des mouvements de jeunesse, trouve ici sa limite. Quoi de commun, en effet, à cette époque, entre les patronages, qui sont à leur apogée, le scoutisme, qui, par le rôle qu'y jouent les laïcs, s'inscrit dans le prolongement des oeuvres du XIXè siècle, les mouvements spécialisés de l'ACJF, dont l'existence même illustre la difficulté d'unir la jeunesse dans un mouvement unique, et les mouvements féminins, qui sont loin d'être de simples reproductions de leurs homologues masculins ?

Au fil des pages apparaissent néanmoins quelques traits communs, qui résident essentiellement dans le désir de reconnaissance que partagent toutes ces organisations, qui s'illustre tant dans les manifestations de masse et le port de signes distinctifs, que dans le développement des activités sportives, trait commun des mouvements de jeunesse dans leur ensemble.

Le thème de l'unité est bien sûr central dans la période suivante, qui voit d'abord les mouvements s'opposer aux projets de jeunesse unique du régime de Vichy et connaître les vicissitudes de l'engagement spirituel, avant que ne se pose, avec acuité, pour les mouvements catholiques, la délicate question du mandat. Comment, en effet, concilier les attentes d'une jeunesse de plus en plus engagée, avec celles de la hiérarchie ecclésiastique ? Car l'Eglise de France, après la guerre, semble avoir définitivement adopté, intériorisé, une définition de l'Action catholique donnée par Pie XI, qui accorde la priorité à l'apostolat et fait des membres des mouvements des associés à la mission d'évangélisation des évêques. Les mouvements, quant à eux, sont, dans leur ensemble, fidèles à une définition de l'action inspirée de la pensée de Maurice Blondel, laquelle accorde à l'action la primauté sur la formation. L'expérience de la guerre a, en cela, incontestablement contribué à éloigner la plupart des mouvements catholiques de la hiérarchie ecclésiastique.


En découle, à partir des années cinquante, une période de crises. La disparition de l'ACJF en 1956, les crises successives de la JEC et du scoutisme, et la dissolution de la FFEC en 1966, décrites avec précision par l'auteur, témoignent des difficultés du temps, autant que de la vivacité des débats qui agitent alors les jeunes chrétiens, dans un contexte marqué par la guerre d'Algérie puis par les débats du concile Vatican II. Une tendance à la déconfessionnalisation se fait jour, qui reflète les aspirations nouvelles de la jeunesse chrétienne, et, au-delà, de la jeunesse dans son ensemble. Dans une certaine mesure le "temps des copains" se substitue alors à celui des mouvements.

Le dernier chapitre aborde la période immédiatement contemporaine et développe une réflexion autour de la renaissance, depuis 1975, des mouvements chrétiens de jeunesse. L'affaiblissement des courants de pensée scientistes et marxistes ouvre de nouvelles perspectives à des organisations telles que le Renouveau charismatique, Taizé ou la Mission étudiante. Face à la montée de l'individualisme, une spiritualité de la Rédemption pourrait bien s'être progressivement substituée à la spiritualité de l'Incarnation qui avait caractérisé les anciens mouvements d'Action catholique, tandis que se développent les réseaux affinitaires, tels que le Diocèse aux armées, qui permettent à de nombreux jeunes de se retrouver en dehors des organisations "traditionnelles". Le succès inattendu des JMJ en 1997 témoigne en tout cas, sinon d'un renouveau des mouvements, du moins d'une ferveur nouvelle de la jeunesse chrétienne, qu'illustre la bonne tenue des mouvements de spiritualité autant que l'attrait des communautés nouvelles.

Le livre de Gérard Cholvy est donc une riche et stimulante synthèse sur l'histoire des mouvements de jeunesse chrétiens en France. Il constitue incontestablement un point de passage obligé pour les étudiants et chercheurs, même si l'absence d'index rend son approche peu aisée. Se voulant un point sur l'avancée des recherches en cours, cet ouvrage, par ses lacunes, est un portrait en creux des champs historiographiques encore insuffisamment exploités, ou parfois négligés par l'auteur. Parmi eux, se dégage en particulier le rôle des organisations de jeunesse dans la formation de la classe politique. Comment, en effet, ne pas être frappé par le nombre d'hommes politiques qui ont fait leur apprentissage des responsabilités au sein des groupes et mouvements catholiques ? Les noms de Georges Bidault, René Pleven, François Mitterrand, André Colin, Alain Poher suffisent à suggérer que les mouvements n'ont pas seulement eu une fonction intégratrice ou contestataire, mais ont été des lieux privilégiés de formation à la vie publique.


David Colon
( Mis en ligne le 14/09/2000 )
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