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Liberté, liberté chérie...
Thierry  Leterre   La gauche et la peur libérale
Sciences po - La bibliothèque du citoyen 2000 /  1.75 € -  11.45 ffr. / 128 pages
ISBN : 2-7246-0803-8
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Voici un livre bref, dense et cependant facile à lire. Il traite du rejet passionnel du libéralisme par la gauche française qui, pourtant, se réclame de la liberté. Thierry Leterre analyse les fondements de cette opposition et plaide pour sa disparition. C'est un livre ouvert, mesuré, non dogmatique, bien que de ferme conviction libérale.

Thierry Leterre évoque tout d'abord la violence du rejet, même lorsqu'il s'agit du libéralisme "de gauche" de Cohn-Bendit, de Tony Blair ou de Gerhard Schröder. Violence d'autant plus surprenante que la France est une démocratie libérale, dont les valeurs et les institutions découlent de l'action (alors située à gauche) des libéraux du XIXe siècle. Ce rejet du libéralisme est donc l'indice d'une incohérence interne à la gauche et à sa conception de la démocratie. Il met en évidence sa panne d'idées et l'incompatibilité de certaines de ses croyances avec la liberté.

Thierry Leterre analyse ensuite le "doute" français face au libéralisme. Les ouvrages qui le décrivent - qu'ils soient classiques ou récents, français ou étrangers - sont ignorés. Le libéralisme est compris comme purement économique, voire patronal. Il va à l'encontre de quelques idées-forces de la gauche comme "la loi protège, la liberté opprime". De fait, la gauche française n'aime pas tellement la liberté : ce mot est rare dans les documents officiels du parti socialiste français.

Mais les électeurs de droite ne sont pas libéraux non plus. Ils sont conservateurs et peu sensibles aux idées de liberté, tant extra économiques (cf. leur réaction au PACS) qu'économiques, l'accent étant mis dans ce dernier cas plus sur la contrainte (concurrence, mondialisation) que sur la liberté d'action. Les deux camps ont tendance à disjoindre liberté économique et liberté politique alors que le lien entre les deux est le fondement du libéralisme. La gauche française craint les libertaires comme la droite française craint les vrais libéraux.

Tout cela amène l'auteur à rappeler ce qu'est le libéralisme. Il a de l'idéologie le côté politique et la cohérence, mais s'en distingue par une critique de l'autorité et de son rôle, qu'il s'agisse de l'autorité "de la masse" ou de celle du pouvoir légitime, même bien intentionné. L'origine historique de cette attitude est la crise du religieux qui s'accélère aux XVIIIe et XIXe siècles. Cet affaiblissement du cadre social nécessite son remplacement par un contrat social tolérant. Parallèlement, l'absolutisme centralisateur en France avait éloigné le pouvoir du citoyen, rendant insoluble le problème de la pluralité.

Les libéraux ont alors conçu et mis en oeuvre les grandes libertés politiques en matière de foi, d'expression ou d'économie. Ils sont à l'origine de l'apparition d'une sphère privée distincte de la sphère publique. La limite entre les deux est juridique. Elle découle du "droit naturel" (ne pas tuer, ne pas spolier...). Le droit protège donc le faible et c'est le grand thème des films américains. Le droit régit également les rapports interpersonnels (et notamment sociaux), mais sur la base du respect de contrats entre individus libres (cf. de nouveau les États-Unis), s'opposant ainsi à l'idée française de "loi" venant d'une autorité supérieure.

Le droit est donc d'une part une prérogative de l'Etat qui a le rôle fondamental de veiller à l'exécution des décisions de justice et, d'autre part, le produit d'un pouvoir autonome réglant les problèmes entre citoyens. Ces deux aspects du droit sont coiffés pas une loi suprême, la Constitution, qui elle-même se réfère au droit naturel.

L'ensemble de ce système juridique idéal est résumé en anglais par la formule "rule of law", mal traduite en français comme en allemand par "Etat de droit", alors que le mot Etat n'apparaît pas dans la formule originelle.

On est loin du système proclamé à gauche selon lequel la loi découle d'un rapport de forces politiques, et donc qu'il faut prendre le pouvoir et utiliser la loi comme contrainte pour changer la société. Le fait que, pour la gauche, le marché ne soit que lutte et anarchie augmente encore la nécessité de régulation par l'Etat. La loi (donc la majorité politique au pouvoir) doit l'emporter sur l'individu. Ce dernier est néanmoins déclaré libre en ce qu'il participe à l'élaboration du droit. Cette conception "de gauche" de la liberté est illustrée par Jean-Jacques Rousseau : "on forcera (le récalcitrant) à être libre".

Pour le libéral, le libre examen des lois est légitime : "s'il faut leur obéir, il ne faut pas les respecter". De plus, l'Etat est composé d'individus, politiques ou fonctionnaires, avec leurs intérêts et leurs passions, qui n'ont pas à être au dessus des autres citoyens.

Il y a un malentendu analogue quant à l'articulation entre intérêt général et intérêts particuliers. Pour un socialiste ou un jacobin, l'intérêt général est incarné par l'Etat. Il est supérieur aux intérêts particuliers. Pour le libéral, la notion même d'intérêt général est suspecte : existe-t-il ? En quoi est-il supérieur aux intérêts particuliers, d'autant que leur articulation concourt au progrès général ? Le rôle de l'Etat est de permettre à des projets individuels multiples de coexister et non d'imposer les vues soit d'une majorité, soit des hommes au pouvoir, soit des fonctionnaires. Un libéral souhaitera donc des contre-pouvoirs face aux pouvoirs nécessaires. Il ne parlera pas "du pouvoir", mais "des pouvoirs" Pour la gauche, tout est politique ; pour le libéral, ce "tout politique" est souvent un prétexte à l'écrasement des individus.

Cette divergence sur l'Etat est fondamentale. Celle sur l'économie reste importante : pour le libéral, le concours des intérêts particuliers au progrès général se fait via le "commerce" au vieux sens du terme, qui comprend les échanges d'idées et la discussion générale. Plus généralement, l'économie est bien plus que l'économie : c'est un espace de liberté, un lieu d'exercice des valeurs, et non pas un simple moyen de production ou une assiette pour les impôts. Par exemple la propriété est une notion économique, mais aussi un droit fondamental des individus. Elle est un pivot entre économie et valeurs politiques.

Ces valeurs ne sont pas spécifiquement de droite. Aux États-Unis, "libéral" veut dire de gauche, et dans d'autres pays il y a des libéraux de gauche. D'ailleurs droite et gauche sont, en France, des notions imprécises, très plurielles et assez instables. Reste la distinction entre un ordre naturel à respecter à droite, alors qu'il s'agit à gauche d'un ordre rationnel. Chez des conservateurs, l'ordre n'est qu'une variable dépendant de la liberté, ce qui place de ce côté politique le libéralisme dans notre pays. Mais il y a une raison plus importante encore : la volonté de la gauche de changer l'ordre social d'abord par la révolution, puis par la loi, dans les deux cas par la contrainte, alors que la droite et les libéraux préfèrent l'évolution spontanée.

Mais la gauche est maintenant consciente des limites de la gestion "par le haut". Elle a également adopté la tolérance, ce qui contredit la vision d'un Etat surplombant légitimement la société. Tout cela va dans le sens d'une meilleure acceptation du libéralisme.

Même pour l'égalité, un rapprochement est possible. L'univers libéral est un univers d'égalité à la fois théorique et pratique, et est favorable à l'égalité des chances. Néanmoins, sur le point fondamental qu'est le marché, la gauche reste loin de la compréhension nécessaire. Et l'Etat social-libéral qui résulterait de cette évolution de la gauche serait très éloigné de sa notion actuelle de l'Etat, qui s'appuie sur l'immense désir d'autorité des Français. Il serait temps que ce dernier cède la place à des sentiments plus démocratiques.

L'auteur appelle donc de ses voeux l'apparition d'un libéralisme de gauche, car toute autre forme politique que le libéralisme est un archaïsme dangereux. La distinction entre libéralisme de droite et libéralisme de gauche restera nette, et la compétition politique féconde. De plus la situation actuelle est inquiétante, car la gauche n'est pas capable d'expliquer rationnellement et théoriquement la politique qu'elle mène en pratique. Cela ne permet pas aux citoyens d'identifier clairement les choix politiques et les valeurs qui les sous-tendent.

En revanche, cette généralisation du libéralisme à gauche permettrait de sortir de cette "victimisation" des Français symbolisée par le livre L'horreur économique et qui leur cache nos succès dans la mondialisation. Nous ne sommes pas une grande nation détrônée, mais l'un des pays les mieux armés dans la compétition internationale. Il faut sortir du pétainisme pour aller vers un consensus de progrès.

En conclusion, cette conversion libérale est nécessaire à la démocratie française, pour remettre la liberté au centre du débat politique. La fascination qu'a longtemps exercée le communisme en montre la nécessité. Elle sera utile également pour permettre aux citoyens de réagir contre des lois faites sans lui, celles par exemple découlant de conventions entre Etats, comme c'est le cas pour l'Union européenne. Car les libéraux veillent à la pluralité de la société et "à la faculté pour chacun de suivre ses fins propres et radicalement originales".


Yves Montenay
( Mis en ligne le 06/06/2000 )
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