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La fiction au secours du réel
André  Glucksmann   Dostoïevski à Manhattan
Robert Laffont 2002 /  3.21 € -  21.03 ffr. / 278 pages
ISBN : 2221093216
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Dans la mouvance de la Nouvelle philosophie, André Glucksmann est l’un des penseurs européens les plus polémiques. Réfractaire au politiquement correct, son Discours de la guerre, publié en 1967, proposait déjà un devoir d’ingérence dans les nations en proie au terrorisme. Avec Dostoïevski à Manhattan, il ne cherche pas à revenir sur cette proposition mais propose une lecture « critique » des événemements du 11 septembre à partir d'un paradoxe : l’acte d’analyse affirme une volonté de se décoller du réel mais c’est la fiction, la littérature, qui permet de rationaliser le réel et de penser son événement, comme Baudrillard le rappelle dans L’Esprit du terrorisme.

Le 11 septembre 2001, à la suite d'un attentat terroriste visant les Twin Towers, New York se trouvait confronté à la possibilité de sa propre destruction - et, par-delà New York, le monde occidental tout entier. L’Amérique se « reconnut mortelle ». Pour Glucksmann, c'est Hamlet qui se réveille le 11 septembre. Il était en Tchétchénie, en Croatie, à Sarajevo, au pont de Mostar, au Kosovo, avec les bouddhas de Bamyian… Tous ces théâtres de la destruction portent les stigmates du nihilisme. Tapi sous les alibis religieux ou idéologiques, le terrorisme nihiliste frappe en mobilisant les démocraties : le nihilisme est la passion de la destruction, la haine de la possibilité de la démocratie. Sa menace ne dit pas son nom. Force silencieuse, le terrorisme ne sait pas davantage ce qu’il combat. Sa « déraison » n’est donc pas un geste positif et se trouve incapable d’extraire une quelconque alternative à l’ordre qu’il menace de détruire. C’est en ce sens que sa pratique est nihiliste puisque, comme l'analysait Lévi-Strauss, elle détruit le réel et ses agencements socio-symboliques sans trop savoir par quoi les remplacer.

Aussi, la guerre qui commença le 11 septembre est-elle une guerre des symboles : Twin Towers, Pentagone, bouddhas de Bamyian… Le symbole soutient et abrite les combats de l’idéologie. L’idéologie est toujours un discours qui tend à devenir effectif : à s’ancrer dans le réel. Or, avec le 11 septembre, dans le battement de la terreur et de l’incertitude, l’attentat était un effet sans cause : une présence transitive, l’impact indiscernable de la chose. Sensible avant d’être logique, le drame du 11 septembre constitue selon Glucksmann « un désespoir accablant pour la démocratie ». Voilà ce qu’il y a lieu de ne pas méconnaître : ce versant idéologique est inscrit dans l’Histoire mais également dans la fiction, c’est-à-dire dans un discours qui véhicule de l’idéologie et de la représentation nationale, culturelle, religieuse. C’est cette transfusion que Glucksmann propose dans un parcours qui permet de relire les classiques russes (mais Dostoïevski n'est guère convoqué, c'est plutôt Tchekhov qui l'emporte) et les classiques de la littérature mondiale pour comprendre l’événement nihiliste. La littérature, comme espace idéologique, peut donc instruire ou anticiper le réel. La fiction a un pouvoir heuristique. Maupassant ou Flaubert n’ont certes pas prévu le 11 septembre, mais leurs œuvres captent le réel et ses possibilités. Dans cette perspective, Emma Bovary, terroriste romantique, n’est pas très loin de Ben Laden. Selon l'auteur, parmi les littératures mondiales, seules la française et la russe ont compris et pris en charge le discours de la cruauté. Proscrivant les discours philosophiques, il faudrait interroger les grandes œuvres littéraires pour penser les événements du réel.

Soutenu par une grande érudition en écartant les écueils des dichotomies (bien/mal, choc des civilisations), Dostoïevski à Manhattan est un livre ambitieux au regard de la difficulté de son sujet, mais pas entièrement convaincant. Peut-être parce que la thèse de l'auteur (télescoper le réel et la fiction en disant que la seconde capte de façon plus ou moins prophétique le premier) est à la fois un parti-pris liminaire et une conclusion, et que l'argumentation intermédiaire se cantonne à la citation et à la description.


Olivier Sécardin
( Mis en ligne le 05/03/2002 )
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