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Famille, je vous hais !
Nike  Wagner   Les Wagner - une histoire de famille
Gallimard 2000 /  4.43 € -  / 186 pages

Traduit (superbement) de l’allemand par Jean Launay

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La nouvelle, en mars 2000, avait fait couler beaucoup d’encre, et pas seulement dans la presse spécialisée : à 80 ans, Wolfgang Wagner, petit-fils de Richard et unique directeur du Festival de Bayreuth depuis la disparition, en 1966, de son frère Wieland, annonçait sa décision de se retirer. La course à la succession était ouverte, cristallisant rivalités et rancoeurs qui, depuis les temps originels, marquent profondément chaque nouvelle génération de Wagner.
Ce n’est pas la moindre des qualités de ce livre que d’éviter l’écueil du pamphlet virulent ou du prêche pro domo – écueil qui guettait dangereusement l’auteur, puisqu’elle figure à ce jour, et en bonne place, parmi les prétendants au trône laissé vacant. Loin de déballer son linge sale et de sombrer dans le règlement de comptes, Nike Wagner aborde son sujet en historienne un brin ironique, plaçant entre elle et sa famille une grille d’interprétation mythologique qu’elle n’a pas besoin d’aller chercher bien loin : la nébuleuse dramaturgie imaginée par son arrière grand-père fournit en effet l’essentiel des clés nécessaires pour décoder l’incroyable " feuilleton Wagner ", de la fondation du Festival (1876) à nos jours.
A l’origine, donc, Bayreuth, l’Anneau, trésor jalousement gardé et objet de toutes les convoitises, dont il semblerait bien que seul quiconque, à l’instar du nain Alberich, renierait l’Amour puisse jamais le détenir – de Siegfried, interdisant à sa femme Cosima, par une clause testamentaire, de diriger le Festival si elle se remariait, à Wolfgang, destituant sa fille Eva pour faire de sa seconde épouse sa dauphine officielle, en passant par Wieland, profitant de la projection, lors du Festival du centenaire (1976), d’un documentaire accablant sur sa mère Winifred – la vieille amie du Führer – pour la bannir publiquement de la Colline verte…
Au lendemain de la guerre, période de tous les scandales sur laquelle Nike Wagner s’attarde sans complaisance, c’est au tour des " géants bâtisseurs " Fasolt-Wieland et Fafner-Wolfgang d’entrer en scène pour (re)bâtir ce Walhalla de l’opéra total, avant de s’en disputer la propriété – ici, intellectuelle. L’étude de la relation entre les deux frères fait le principal intérêt de l’ouvrage. Couvé par Winifred qui voyait en lui son digne successeur (et obtint d’Hitler qu’il échappât à la mobilisation pour raisons artistiques majeures, tandis que Wolfgang partait au front et revenait blessé de Pologne), Wieland sera contraint, quinze ans durant, de partager l’affiche et la renommée avec un cadet qu’il considèrera toujours comme un vil plagiaire. Sans prendre parti pour l’un ou l’autre, Nike Wagner montre avec une certaine délectation comment le roué Wolfgang s’y prendra pour grandir, non pas dans l’ombre mais dans la lumière de son aîné, adaptant à sa (modeste) façon la manière abstraite de celui que l’on peut considérer comme l’artisan principal du Nouveau Bayreuth.
L’émancipation de la jeune génération, qu’elle rejette violemment l’héritage wagnérien ou le traîne derrière elle, tel un boulet encombrant, marque le dernier acte (provisoire) du drame. Ses deux figures les plus marquantes, Gottfried (côté Wolfgang) et Wolf Siegfried (côté Wieland), se feront les champions d’un antiwagnérisme musical autant qu’idéologique – Gottfried allant jusqu’à porter la bonne parole... en Israël. Leurs soeurs respectives – pas plus Nornes que Walkyries ou Filles du Rhin - traceront pour leur part leur sillon au large de Bayreuth, et c’est un rapprochement presque fortuit qui vaut à Nike de compter aujourd’hui parmi les candidats à la succession. D’où la conclusion de cet essai, plaidoyer pour un festival dépoussiéré, délocalisé vers d’autres lieux tout aussi riches en symbolique wagnérienne que la Colline sacrée, ouvert à d’autres compositeurs, des maîtres de Wagner à ses héritiers jusqu’à nos contemporains. De quoi faire bondir Wolfgang, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il mettrait en scène le Ring de... 2006 ! A suivre...



Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 15/01/2001 )
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