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L'actualité du livre et du DVD Vendredi 22 octobre 2004
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Du côté de chez Schmitt
Maxime  Schmitt   Cinéma perdu
Le Castor Astral 2004 /  2.29 € -  15 ffr. / 224 pages
ISBN : 2-85920-563-2
FORMAT : 12 x 19 cm

Préface de Jean-Pierre Mocky
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Pas plus que Marcel Proust n'était le parolier de Kraftwerk et ne révolutionna la scène techno, Maxime Schmitt n'est l'auteur du Temps retrouvé ; il ne l'a pourtant pas perdu, son temps, ces cinquante dernières années, sur les scènes rock de France et dans les salles de cinéma de Navarre. Ses duchesses, ses Verdurin, ses Jupien, ses Swann et ses Albertine s'appelaient John Wayne, Marina Vlady, Marlon Brando, Mylène Demongeot, Boris Karloff et Jojo le mérou, la star du Monde du silence. Leurs salons, des cinémas de quartier nommés L'Atomic, Le Raimu, Le Béranger, Le Colisée – dont il ne reste même pas des ruines.

À cette époque, Schmitt ne plongeait pas des madeleines dans du thé, mais ses doigts dans des cornets de pop-corn, qui lui paraît moins dégoûtant que les Chamallow, les mixed-sodas et les fraises Tagada dont les cadavres jonchent aujourd'hui nos Multiplex. Qu'il se rassure : les Multiplex ne sentent peut-être pas l'urine et les ouvreuses y ont peut-être l'air de vigiles, les blockbusters y tiennent le haut du pavé, mais on s'y embrasse toujours dans le noir, et il se trouvera dans cinquante ans d'autres Maxime Schmitt pour regretter ces batteries à fantasmes qui succédèrent aux épiceries du rêve dont ce livre nous invite à repousser la porte, en quête d'anciennes friandises.

À la manière de Perec, Maxime Schmitt collectionne dans un savant désordre les déchets que lui rejette sa mémoire, polis comme ces tessons changés en verroterie par le ressac. Les glaces Miko « de Saint-Dizier » s'entassent sur les machines à écrire Olivette et les illustrés de Blek le Roc. Sur l'écran noir de ses nuits blanches, Schmitt se souvient des salles de quartier, des westerns, des films soviétiques et du CinémaScope. De guerre froide en guerre d'Algérie, tout un monde lointain de starlettes et de 400 coups resurgit, en version originale non sous-titrée. Parcourant les salles fantômes et les rues débaptisées, Schmitt écrit comme on ramasse des mégots sous les fauteuils, après la dernière séance ; à force, ça finit par se laisser fumer, et l'odeur est celle, douceâtre et vraie, de jadis. Écriture de bouts de chandelles, mais qui finissent par éclairer, chichement, une époque crépusculaire. D'où l'économie du style, qui rappelle par sa saveur simple la recette du pain perdu : tous ces croûtons remémorés sont un peu rassis, mais, trempés dans un lait de jouvence, ils ramollissent, réchauffent et régalent.

Ceci dit, on apprend un tas de choses : qu'au générique des péplums volcaniques, Haroun Tazieff devenait Terzieff ; que pendant le tournage de Géant, James Dean – en couverture – pissait devant les visiteurs ; que le 29 octobre 1967, la 404 noire de Maurice Schumann accrocha la Jaguar de Julien Duvivier ; que Liliana Markovic se jeta opportunément sous le métro quand elle apprit que son frère Stepan était un gigolo ; que Bibi Andersson fut la seule et unique actrice à lunettes ; que François Truffaut mérite les hommages qu'on lui rend, mais aussi quelques taloches. Jean-Pierre Mocky le dit à sa manière, en préface : « On lit et on reste pas con », avec en prime « l'odeur du sent-bon au citron ». Ce qui est, parmi d'autres, une définition de la poésie.

Maxime Schmitt se souvient aussi que l'on criait « chapeau ! » aux jolies spectatrices. C'est à lui aujourd'hui qu'on adresse cette apostrophe.


Philippe Vigneron
( Mis en ligne le 20/10/2004 )
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