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| Musique & Spectacles -> Classique & Opéra |
Dialogue des carmélites
de Francis Poulenc
avec Don Kent
France
Arthaus Musik (Naïve) 2001 / 3.51 €
Durée DVD 149 mn. |
Format : 16/9e compatible 4/3
Son : PCM Stéréo
Menus: anglais, allemand, français, espagnol
Sous-Titres: anglais, allemand, néerlandais
Simple face
Zone 2
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C'est un fait : quelles que soient la qualité, la vigueur, l'originalité et la prolixité de la musique française au XXe siècle, on peut considérer que seuls trois de " nos " opéras, pas un de plus, ont marqué l'histoire moderne de l'art lyrique : Pelléas et Mélisande, Saint-François d¹Assise et Dialogue des Carmélites. Il y a donc tout lieu de se réjouir que l'œuvre de Poulenc figure parmi les premiers DVD lancés sur le marché classique. Et il y a même une deuxième raison d'être particulièrement heureux : la mise en scène retenue est celle que signa, en janvier 1999, la comédienne Marthe Keller pour l'Opéra national du Rhin (Strasbourg) à l'occasion du centenaire de la naissance du compositeur.
Une mise en scène à l'image de l'actrice : discrète, racée, capable de faire sentir le feu sous la glace. Certes, le Dialogue n'a jamais vraiment appelé de représentation " zeffirellienne ", mais cet épisode relatant le martyre d'une communauté de Carmélites pendant la Révolution française aurait pu inspirer quelques visions saint-sulpiciennes ou grand-guignolesques.
Rien de tel ici : avec un décor et des costumes (évidemment) épurés, Marthe Keller hisse le spectacle au niveau d'une majestueuse chorégraphie funèbre dont le maître de ballet serait la lumière. C'est là le point fort de cette production : un jeu subtil d'éclairages qui cite (c'est manifeste lorsque la caméra resserre sur les chanteuses et les corps en mouvement) les maîtres du cinéma japonais ou encore Robert Bresson (Les Anges du péché) et Alain Cavalier (Thérèse). C'est aussi à ce dernier que fait songer le découpage de l'espace scénique par des panneaux mobiles et des toiles tendues, dont la géométrie variable met en relief un élément de décor ou traduit avec élégance un changement de scène.
Oscillant, par la grâce de cette mise en lumière, entre la statuaire religieuse et une incarnation frémissante, les chanteuses sont un régal pour les yeux comme pour les oreilles. A l'évidence, on a ici affaire à des " actrices " parfaitement dirigées, dont chaque geste convainc par son naturel et sa façon de servir une caractérisation psychologique. La Blanche d'Anne-Sophie Schmidt, la Madame de Croissy de Nadine Denize, la sur Constance de Patricia Petibon et le Chevalier de la Force de Laurence Dale forment un quatuor tout en nuances et en opposition. L'Orchestre Philharmonique de Strasbourg, dirigé par Jan Latham-Koenig, se distingue par son allant et le tranchant de ses attaques, insufflant au drame un regain de théâtralité qui culmine dans la scène ultime de la montée à l'échafaud.
D'une musicalité irréprochable, tant du point de vue vocal qu'instrumental (rarement l'orchestre de Poulenc aura sonné si expressionniste), ce spectacle compte aussi parmi les plus grandes réussites théâtrales des années 90.
Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 20/03/2001 )
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