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L'Arche Russe
de Alexandre Sokourov
avec Sergei Dreiden, Maria Kuznetsova, Leonid Mozgovoy
Editions Montparnasse 2004 /  25 ffr.- 3.82 €
Durée DVD 140 mn.
Durée film 95 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 2002, Russie, Allemagne
Titre original : Russian Ark

Version : DVD 9 Zone 2/PAL
Format vidéo : 1.85
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Version russe 5.1 & stéréo, version française stéréo
Sous-titres : français

Bonus :
Encodage à partir du master Haute-Définition
Chapitrage
Making-of du film (42 mn – VOST)
Film-annonce

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« Un film en un seul souffle ». Le sourire tranquille, Alexandre Sokourov résume ainsi le projet fou qu’il a mis des années à concrétiser. Un seul plan séquence de presque une heure et demie en vidéo haute définition, sans aucun arrêt de la caméra, à travers le musée de l’Ermitage de Saint-Petersbourg. Un pari technique presque insensé, jamais tenté auparavant, qui a nécessité des préparatifs infinis et une armée de professionnels, du cameraman stoïque supportant un appareillage de 35 kilos pendant toute la prise au moindre figurant traversant fugitivement l’image. Mais pour Sokourov, tout cela n’est rien, à part un instrument au service d’une vision qui, de la part d’un artiste aussi intransigeant et éloigné des fracas du monde moderne, ne peut guère surprendre.

Au début, le noir. En voix off, le cinéaste nous parle d’une possible catastrophe, de gens qui fuyaient. Et soudain, le voilà projeté au début du 18ème siècle, entrant par une petite porte dans l’Ermitage, invisible aux yeux des officiers et des belles dames en costumes qui se pressent dans d’étroits escaliers. Bientôt, cette voix off de Sokourov rencontre un marquis diplomate français en provenance du 19ème siècle, et tous deux entament une étrange visite hors du temps ou plutôt, à travers 300 ans d’histoire russe (et environ 2000 acteurs !) : Pierre le Grand, Catherine II, Nicolas II, le siège de Stalingrad, le dernier bal impérial de 1913… S’ils apprécient le spectacle, leur discussion ne manque pas de piquant, car ils ne partagent pas vraiment la même vision du monde. D’un côté, un Français cynique critiquant la «fainéantise » des Russes ou leur façon de copier les maîtres italiens (et les étrangers en général) ; de l’autre, un Russe jusqu’au fond de l’âme, vénérant la grandeur du passé et de l’arche culturelle que constitue l’Ermitage. Au bout du chemin, lorsque le bal de l’Histoire sera terminé et que les danseurs s’éclipseront, on découvrira les flots symboliques entourant cette arche, la protégeant miraculeusement des folies humaines.

Alexandre Sokourov, habitant de Saint-Petersbourg, vénère réellement le musée de l’Ermitage, qu’il considère comme un concentré sans égal de tradition artistique. Il lui rend un hommage touchant en le transformant ainsi en un personnage presque vivant, témoin et mémoire des hauts et des bas de la Russie. On ne peut qu’admirer la fluidité presque incroyable de ce plan séquence unique, traversant sans en avoir l’air des dizaines de salles et de couloirs, des foules de soldats, de visiteurs et de danseurs. De ce point de vue, les scènes finales du bal et de la sortie des invités sont de pures merveilles techniques. Comme d’habitude, Sokourov soigne également l’esthétique, les images ayant été traitées numériquement pour obtenir d’étranges effets lumineux et colorés. Fait plus inhabituel, Sokourov a rendu son film accessible à un large public. Dialogues relativement longs et clairs, trame simple, images le plus souvent réalistes, nous sommes loin de l’étrangeté radicale et fascinante de Mère et Fils (1997), Pages cachées (1993) ou même de sa dernière œuvre Père, Fils (2003). Les habitués pourront éventuellement s’en étonner.

Mais cette apparente simplicité relative ne doit pas faire perdre de vue le sens profond du film/plan séquence. Sokourov a voulu, selon ses propres termes, « s’adapter au fil du temps en tant que tel », sans avoir à le couper arbitrairement. Contradiction apparente : la différence flagrante entre une heure et demie (le film) et trois siècles (l’Histoire russe filmée). Mais cette Histoire, selon Sokourov, est aussi « un espace temporel uni. […] Aucune de ces époques n’a jamais cessé. Une époque historique ne peut pas disparaître, elle ne peut pas sombrer dans le néant. » Une conception philosophique du temps qui n’a cessé de hanter l’œuvre du Russe : il faut à tout prix tisser des liens entre l’art du passé (littérature, peinture, musique) et les moyens (par exemple cinématographiques) de notre présent amnésique, pour retrouver le sens de l’éternité. Sokourov s’est toujours résolument situé dans un espace-temps différent.

D’une certaine façon, le making-of du film donne raison à cette vision étonnante. On y comprend que la préparation des décors et des acteurs en un temps si court tenait de l’exploit, que des problèmes techniques ont failli tout faire rater, que le cameraman a pensé vers la fin qu’il n’y arriverait jamais… Pourtant, le miracle a lieu. Ensuite, c’est comme à regret que Sokourov arrête le tournage, qu’il se coupe de son présent éternel, de son Arche Russe à la dérive.


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 03/05/2004 )



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