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Salaam Bombay
de Mira Nair
avec Hansa Vithal, Chanda Sharma
Editions Montparnasse 2004 /  27.50 ffr.- 4.2 €
Durée film 113 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 1988 et 2001, Inde et France
Titre original : Salaam Bombay

Edition Collector 2 DVD

Version : Zone 2, PAL
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Indi, Français
Sous-titres : Français

DVD 2 :
"India Cabaret" : le documentaire de Mira Nair sur le monde des cabarets indiens (60 min)
L'interview de Mira Nair (24 min)
Le documentaire sur la fondation de Mira Nair pour les enfants de Bombay
Le documentaire sur les acteurs

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« Comme une rose dans un égout » lance Baba, petit mac des bas quartiers de Bombay à sa nouvelle conquête. C’est bien la formule qui convient à tous ces êtres perdus dans Bombay, deuxième ville d’Inde. Noyés dans la misère cruelle et la violence de la pauvreté, chacun se raccroche fragilement à ses espoirs, à ce qu’il a de plus humain pour affronter sa malheureuse destinée, pour survivre. Krishna, petit garçon de dix ans, abandonné par un cirque, en est la figure centrale et emblématique. A travers son parcours, c’est tout un panorama de la vie des quartiers pauvres de la cité que l’on découvre. C’est surtout l’enfance qui est revisitée avec tout ce qu’elle a d’innocence, de naïveté, de rêves, bref l’enfance dans toute sa splendeur qui se confronte à une réalité crue, dure, brutale.

Que restera-t-il de cette enfance ? C’est la question que nous pose Mira Nair, la réalisatrice. Issue du documentaire et plus particulièrement du « cinéma vérité », elle s’attache dans cet hommage aux enfants des rues de Bombay à rendre tout son réalisme à ce petit monde trop souvent stigmatisé. C’est pourquoi elle décide de filmer l’action sur place, de travailler avec les enfants de la rue sur le scénario, sur la mise en scène, sur les jeux d’acteur, de leur donner les premiers rôles. Sans tomber dans le misérabilisme, ni dans le sentiment de pitié exacerbé, c’est plutôt avec une certaine admiration qu’elle filme et vit avec ses jeunes comparses. Retraçant leurs histoires au cœur de celle de Krishna, rythmées par de petits bonheurs ponctuels qui prennent toute leur ampleur dans cette marée noire de violence, elle les filme dans un environnement qui leur ressemble, débordant de couleurs usées. Pour ces enfants qui grandissent trop vite, c’est encore une fois la vie qui s’entête telle la musique répétitive de Subramaniam aux doux accents mêlés d'espérance et de fatalité.

C’est donc un certain combat contre la société indienne que se propose de mener Mira Nair. Elle le prouve d’une part par ce film mais aussi par la création d’une organisation non gouvernementale, Salaam Baalak, qui se propose de venir en aide à tous les petits Krishna, et enfin par la réalisation en 1985 du documentaire India Cabaret, visible dans ce coffret DVD. India Cabaret traite de ces danseuses répudiées par la bonne morale mais que les hommes respectables vont tout de même « voir » avec toutes les ambiguïtés que cela suppose. Ainsi compare-t-elle par la même occasion ces courtisanes et les femmes au foyer, toute cette frange de la population féminine que l’on ne saurait voir, que l’on ne peut ni ne doit voir, mettant ainsi en évidence l’hypocrisie et les contradictions de cette société qui d’un côté, emprisonne ses femmes, et de l’autre peut hisser une dame au plus haut rang de son gouvernement. Même s’il traite de la condition féminine, India Cabaret a inspiré Salaam Bombay : c’est à l’occasion de son tournage que Mira Nair a rencontré ces personnalités extraordinaires que sont les enfants de Bombay.

Dans tous les cas, Mira Nair se définit comme une humaniste qui a décidé de prendre comme objet d’étude la société indienne. Elle espère ainsi montrer du doigt l’emprisonnement qu’un peuple peut exercer sur lui-même par ses propres règles, sa propre morale tout en rendant hommage à ces roses qui poussent dans des égouts.


Etienne Gennatas
( Mis en ligne le 28/06/2004 )



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