L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

L’Enfant des livres
de François Foll
Nouveau monde 2008 /  19 €- 124.45  ffr. / 501 pages
ISBN : 978-2-84736-370-8
FORMAT : 14cm x 22,5cm

Le livre protège-t-il de la folie des hommes ?

Les Guerres de religions constituent une période privilégiée pour situer l’action d’un roman historique. Cette période est assez éloignée de nous pour faire naître un pittoresque de l’action tout en permettant d’aborder des problématiques d’actualité, telles que la tolérance religieuse, les bornes de la liberté humaine, la violence politique, la place du savoir dans la société. François Foll ne s’en prive donc pas et nous livre avec L’Enfant des livres un ouvrage de plaisance jouant de ces possibilités.

Martin Dubé est un enfant de Paris élevé par son oncle et sa tante, imprimeurs rue Saint-Jacques. Un enfant plein de vie qui aime se promener dans la ville ; un enfant malheureux et maltraité ; mais également un enfant qui découvre l’amour en espionnant une petite fille de son âge et qui découvre le pouvoir des livres au hasard de ses pérégrinations. Sa vie prend un autre tour quand il rencontre par hasard Raymond Puységur, un colporteur lettré et huguenot, qu’il suit à travers le royaume pendant plusieurs années et qui, involontairement, s'occupe de la formation intellectuelle, religieuse, affective de l’enfant. Le roman s’étend ainsi sur près de trente ans, entre Renaissance et naissance de la France classique : événements politiques et culturels sont vus à travers les yeux de nos deux héros et de leurs proches, mêlant haute politique, faits militaires et controverses théologiques au quotidien d’hommes dont le caractère exceptionnel se révèle peu à peu.

Certains pourront le considérer comme un peu manichéen ou naïf avec des gentils très gentils et des méchants très méchants. Mais cela fait sans doute partie du genre ; mieux, la fraîcheur qui en émane naît certainement pour partie de ce caractère ingénu et bon enfant : l’intérêt du livre repose largement sur la vivacité avec laquelle le récit est mené, sur la succession des épisodes, le pittoresque des situations, l’attachement que tout lecteur aura pour les personnages.

Il serait bien sûr aisé de relever des erreurs ou des invraisemblances historiques mais ce n’est finalement pas là le propos. L’essentiel est de bonne tenue et permet aux personnages de vivre leurs aventures dans un paysage point trop historiquement ridicule. Plus qu’un respect total de la vérité historique, parlons plutôt d’une vraisemblance de bon aloi, qui permet au lecteur de se plonger dans l’atmosphère du temps. L’atmosphère lourde de la Saint-Barthélemy où Martin échappe de peu à la mort ; celle du monde du livre de Paris ou de Genève, dans la lignée des Estienne ; plus largement, le monde où brûlent les derniers feux de la pensée humaniste à la fin du XVIe siècle ; celui de Genève avec toute l’ambiguïté du calvinisme d’abord considéré comme la religion de la liberté mais où les menées stratégiques de la bourgeoisie et les luttes de pouvoirs ne sont pas absentes.

Au final, un livre qu’il ne faut certainement pas prendre au premier degré ni un chef d’œuvre immortel mais une lecture facile et agréable qui a le double avantage de familiariser le lecteur avec une époque historique éloignée de nous et de faire passer quelques plaisantes heures.

Rémi Mathis
( Mis en ligne le 29/04/2009 )
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