Littérature
Romans & Nouvelles de Thibaut de Saint Pol
Plon 2010 / 18 €- 117.9 ffr. / 204 pages
ISBN : 978-2-259-20881-9
FORMAT : 14cm x 22,5cm
Le mystère du Traité de Versailles
Thibaut de Saint-Paul, dans son troisième roman, nous conte le destin croisé de trois personnages entrés bien malgré eux dans l’Histoire de leurs pays respectifs, l’Allemagne et la France. Madeleine tout d’abord, obscure employée du Quai d’Orsay, accepte bien malgré elle, en juin 1940, la mission d’emporter en lieu sûr l’original du Traité de Versailles, symbole de la cuisante défaite allemande en 1918, qu’Hitler veut récupérer à tout prix pour parachever son écrasante victoire sur les forces françaises. Un officier allemand, Heinrich, est chargé de la suivre pour récupérer de force le précieux document. On suit également les recherches de Théo, professeur d’histoire allemand, qui, en 2009, va trouver des indices sur l’histoire mystérieuse de sa famille, guidé par les renseignements trouvés dans le journal d’Heinrich, qui se révèle être son grand-père ; ses recherches vont le conduire à Madeleine, vieille dame un peu excentrique et retirée du monde, qui peine à parler avec lui de cette époque si douloureuse.
L’intrigue est passionnante, et l’idée de la raconter en croisant ces trois destins est originale et donne un rythme intéressant au livre, un rythme bien soutenu par les incessants changements de narrateur et par le style incisif et efficace de l’auteur, caractérisé par des phrases courtes et percutantes.
On aurait néanmoins aimé un peu plus de lyrisme, un peu plus d’envolée romantique dans la course folle qui pousse les trois personnages sur la route de l’Histoire et vers un destin qui les dépasse. On regrettera aussi que les personnages ne soient pas étudiés avec un peu plus de profondeur, et soient même quelquefois présentés de façon presque caricaturale ; quelques invraisemblances dans le fil conducteur de l’histoire sont aussi un peu gênantes : pourquoi Madeleine est-elle choisie pour cette mission si périlleuse ? Pourquoi Heinrich, qui arrive à retrouver assez facilement Madeleine dans son exode désespéré, ne lui prend-il pas le précieux manuscrit plus tôt ? Enfin, la brève bluette amoureuse entre Madeleine et Heinrich, au cœur de la France en guerre, n’apporte pas grand-chose au récit.
Ces quelques «bémols» apportés, ce livre est tout de même à recommander, pour l’atmosphère si bien traduite de la France de cette époque, qui semble s’écrouler peu à peu, comme un château de cartes, et pour l’intrigue soutenue de bout en bout par un suspense irréprochable.
«Journal d’Heinrich, 20 juillet 1940 – Trois journées perdues à attendre et rien. Interrogé des voisins, et le jardinier du château où elle se cache. Il appartient à une femme qui y vit seule avec un domestique. La fille d’un industriel de la région. Apparemment une connaissance des deux femmes qui l’ont amenée ici.»
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«Madeleine – Les risques sont devenus trop grands. Impossible de laisser plus longtemps le Traité à Elisabeth. En le lui donnant peu avant le départ de chez Denise, je pensais le mettre en sécurité jusqu’à ce que je m’installe chez ma sœur».
Michel Pierre
( Mis en ligne le 28/05/2010 )
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