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Littératureet Romans & Nouvelles  

Elles vivaient d’espoir
de Claudie Hunzinger
Grasset 2010 /  16 €- 104.8  ffr. / 246 pages
ISBN : 978-2-246-77291-0
FORMAT : 13cm x 20,5cm

Elles

C’est dans un genre littéraire singulier, malgré l’appellation officielle de roman, que Claudie Hunzinger se lance, elle qui avait habitué le lecteur à la poésie et aux récits. En effet, dans Elles vivaient d’espoir, l’auteur rapporte une histoire qui oscille entre fiction et réalité : celle de la relation de deux jeunes femmes durant l’entre-deux-guerres et la Deuxième Guerre mondiale. Emma et Thérèse sont deux amies, deux amoureuses, que les hasards des succès ou des échecs aux examens puis de la vie vont séparer.

La relation entre ces deux femmes est dévoilée progressivement par la correspondance qu’elles entretinrent pendant de longues années. Mais c’est une correspondance tronquée que nous livre Claudie Hunzinger puisque des deux femmes, ce sont les lettres puis le journal intime d’Emma qu’il nous est permis de lire. Il y a quelques années, l’auteur s’est en effet plongée dans les cahiers de celle qui fut sa mère. Des traces qu’elle a retrouvées de cette relation, elle nous livre ces lettres retravaillées, n’hésitant pas à réinventer les deux personnages. Celles qui vivaient d’espoir ont voulu faire exister un lien que l’époque réprouvait et que les temps troublés qui suivirent ne permirent pas de faire subsister.

Entre elles, toutes les espérances semblent avoir été envisagées : la possibilité d’une relation homosexuelle au grand jour, l’adoption, la révolution (un voyage en URSS) mais aucune ne sera finalement vécue. Restent cet amour entier pour la nature, la recherche de l’harmonie avec les éléments et le goût de la liberté et de l’indépendance qu’Emma finira par sacrifier et pour lequel Thérèse acceptera de mourir. L’intimité que dévoile l’auteur est très pudiquement signifiée, laissant subsister le mystère, dans une langue où la poésie le cède parfois à une énonciation froide des événements historiques qui jalonnent et perturbent la vie d’Emma et de Thérèse au point de les éloigner définitivement.

L’entreprise de Claudie Hunzinger, «sauver leurs vies, les rendre à la littérature» avait déjà connu une première réalisation à travers le film documentaire réalisé par son fils, Robin Hunzinger, en 2007 : Où sont nos amoureuses. Dans Elles vivaient d’espoir, le projet semble achevé : deux destins particuliers rentrent dans l’histoire et dialoguent avec l’universel.

Amélie Bruneau
( Mis en ligne le 03/09/2010 )
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