Littérature
Romans & Nouvelles de Sylvie Germain
Albin Michel 2011 / 12,50 €- 81.88 ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-226-22072-1
FORMAT : 14cm x 20,5cm
Évocation
Un très beau livre de Sylvie Germain, sur le thème de la disparition et des empreintes laissées. Une belle écriture pour dire l’absence : «une femme est morte. Toi, ma mère. En héritage, un souci d’or : porter le poids de ton absence, porter le poids des soleils en éclipse, des hiers révolus. Et lentement transmuer ce poids en grâce».
C’est tout l’enjeu de ce court texte que de «transmuer ce poids en grâce». Un texte que l’on savoure, sur lequel on revient. Un texte ou plus exactement quatre textes rassemblés (''Variation sibériennes'' écrit en juin 2010, ''Kaléidoscope ou notules en marge du père'', 1988, ''Il n’y a plus d’images'', 1990, ''Cependant'', octobre 2010). Un peu plus de 20 ans entre le texte le plus ancien et le dernier écrit.
Rien ou presque… l’absence, les morts qui pèsent, s’imposent. La petite «Princesse de l’Altaï», dont le tertre funéraire scythe a été fouillé et dont on a exhumé la jeune défunte maintenant exposée dans un musée de Novosibirsk : «Elle aurait pu, elle aurait dû demeurer dans sa chambre de glace, dormeuse absolue couchée dans le sein noir du permafrost, veilleuse tatouée de flammes obscures, âme clandestine diffusant autour d’elle des ondes favorables». Mais la volonté des défunts ou leur fragile survie dépendent des décisions des vivants…
Un livre qui peut se lire au long des quatre textes édités ensemble, ou que l’on peut ouvrir au hasard pour en lire quelques lignes. Ce n’est peut-être pas une méthode orthodoxe de lecture, mais c’est celle que l’on a envie de proposer pour ce texte qui se rapproche davantage d’un recueil de pensées sur le thème des liens qui demeurent au-delà de la mort. Des phrases que l’on reprend, à partir desquelles se construit la méditation de Sylvie Germain sur les absents, ses parents, la vie la mort, les liens inextricables, l’opposition des paysages.
Quoi de plus éloignée que la Sibérie et Vézelay ?... Une lecture de la maturité.
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 29/08/2011 )
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