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Littératureet Romans & Nouvelles  

Mon frère italien
de Giovanni Arpino
Belfond 2011 /  16,50 €- 108.08  ffr. / 220 pages
ISBN : 978-2-7144-5006-7
FORMAT : 14,1cm x 22,6cm

Nathalie Bauer (Traducteur)

Sombre tâche

Journaliste, chroniqueur sportif à la Stampa, critique littéraire, auteur de scénarios, Giovanni Arpino (1927-1987) fut très connu en Italie, et reçut plusieurs prix littéraires prestigieux avant de sombrer dans un oubli dont il ressort aujourd’hui. Plusieurs de ses ouvrages sont réédités en France.

Mon frère italien est une histoire à la fois sombre et pleine d’humour. La première phrase donne le ton : «ON NE PEUT PAS SE RÉVEILLER TOUS LES JOURS EN RIANT, comme disait ce type dans le coma. Telle fut la manière dont Carlo Botero, veuf, instituteur à la retraite âgé de soixante deux ans, s’arracha avec un toussotement au sommeil». Le lieu : Turin, la ville de Giovanni Arpino. Une rencontre, celle de deux hommes, retraités l’un et l’autre : Botero l’instituteur turinois et Cardoso le paysan calabrais sans instruction. Deux mondes à l’opposé : l’intellectuel de la classe moyenne et le paysan fruste. La soixantaine, veufs l’un et l’autre, l’un et l’autre pères d’une fille qui a la trentaine, fille unique pour Botero, deux enfants pour Cardoso dont le fils a réussi sa vie en Allemagne. Les deux hommes sont réunis par les hasards des cafés turinois et de la vie. L’un et l’autre doivent accomplir une promesse, terrible, faite pour l’un à son épouse sur son lit de mort, pour l’autre à sa fille.

Giovanni Arpino construit des dialogues, incisifs, vivants ; son écriture est cinématographique et très visuelle. Il sait dresser un décor, des scènes noires, pour un récit qui se passe assez largement la nuit. Botero et Cardoso errent dans la nuit turinoise pour retrouver et accomplir leur sombre tâche. Giovanni Arpino, et le lecteur avec lui, ressent une sympathie forte pour ses deux héros en marge, en marge de la vie en raison de leur âge, la soixantaine qui en fait des retraités inutiles. Le tout évoque furieusement les films du néoréalisme italien ou encore ceux de Dino Risi qui a d’ailleurs adapté plusieurs textes de Giovanni Arpino : Une âme perdue (1977) et surtout Parfum de femme (1974).

Une histoire âpre et prenante.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 26/09/2011 )
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