Littérature
Romans & Nouvelles de François Beaune
Verticales 2011 / 17,90 €- 117.25 ffr. / 276 pages
ISBN : 978-2-07-013477-9
FORMAT : 14cm x 21cm
Notre apocalypse
Il y a quelque chose de grand et de terrifiant chez cet Alexandre Petit. Coupable ? Bourreau ? Ou victime ? Un autre que nous dont l'autisme autorise une terrifiante extra-lucidité sur les laideurs de notre temps...
Car s'il s'évertue à prouver son innocence et rechercher le vrai coupable, ce cadre quadra, employé de la Sofrès et vivant encore chez sa mère, glisse aussi, entre témoignages et confessions, ses humeurs sur la société qui le porte, la nôtre aussi. Des humeurs sans concessions sur nos bassesses, nos petitesses, nos faits et gestes si laids et mesquins.
Accusé de quoi, notre Alexandre ? D'avoir tué dans sa baignoire une jeune collègue, Elsa, sourire figé dans une eau caressée de canards en plastique... Il est la dernière personne à avoir vu Elsa vivante, dans son appartement lyonnais. Il a conscience que cette ultime promiscuité l'expose ; il décide donc de fuir et livre au lecteur, voyeur et vorace, la trajectoire de sa fuite.
Qui le mène des bandes de jeunes SDF à Romans, et retour. Où il observe, guète et analyse, la France des Lidl et des HLM recevant la ''misère du monde'', d'une France qui tombe, qu'il diagnostique du regard froid - a-moral - de celui qui pense penser juste. Il est donc volontiers raciste, décadentiste, porté par un darwinisme social ne faisant pas de lui un surhomme pour autant. C'est la médiocrité qu'il porte autant que celle qui l'entoure qu'Alexandre force son lecteur à voir... et (res)sentir.
Le roman est délicieux. Le roman est donc désagréable. Car François Beaune sait nous faire endosser les habits crasseux d'Alexandre, nouvel ''homme louche'' (titre de son premier roman, sur une trame analogue), il nous le fait aimer avant de porter son coup de grâce, camouflet littéraire forçant à voir nu le monde qui nous entoure. Plus d'ozone, le déni fond quand on est, comme Alexandre, un peu plus fou et donc lucide que la moyenne. Une balise pour notre apocalypse. Assurément un ange noir.
Thomas Roman
( Mis en ligne le 03/10/2011 )
www.parutions.com
(fermer cette fenêtre)