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Littératureet Romans & Nouvelles  

Revenants
de Patrice Lelorain
La Table Ronde - Vermillon 2011 /  20 €- 131  ffr. / 354 pages
ISBN : 978-2-7103-3080-6
FORMAT : 14,2cm x 20,8cm

Les gens de Patrice L.

Le célèbre «Je me souviens» de Georges Perec dégage un charme prenant, il est impersonnel et concerne chacun de ceux qui ont traversé cette même époque dont il décrit les atmosphères ou les évènements sans jugement ni analyse, avec une pointe de nostalgie. Patrice Lelorain, de la même façon, décrit les années 80 et ce pourrait être fait pareillement, mais ce sont ses années à lui et il tient à les mettre en scène.

On ne peut l’accompagner dans tout ce dont il parle, entremêlés que sont ses souvenirs avec ses affects ; il s’agit d’une description minutieuse de moments vécus pendant une longue période qui commence au lycée et se poursuit jusqu’à l’installation d’une vie professionnelle parfois précaire. Nous oscillons entre la musique de variété, le cinéma, le sexe débutant puis chevronné, le parcours étudiant amenant à une thèse sur le cinéma, peu convaincue et peu convaincante, le tout au milieu de débordements estudiantins, dont la drogue, l’alcool, la mort, l’accident, les ruptures d’amis ou d’amantes…

Le schéma descriptif en lui-même est original puisque chaque chapitre parle d’une personne marquante, que ce soit sur le plan amical, sexuel ou professionnel. Les personnages sont attachants, bien campés, fourmillants, on se perd au milieu des prénoms, des situations, des recoupements. Il faut s’abstraire du fond, qui deviendrait presque inintéressant parce que trop personnel et trop multiple, ne plus, bizarrement s’attacher aux personnages (qui sont l’essentiel du livre), pour se concentrer sur la forme, qui est remarquable quoiqu’atteinte de logorrhée par moment. Peu d’écrivains arrivent aussi bien que cet auteur à décrire avec autant de précision les sentiments, les situations, les questionnements. Le style est atypique, n’hésitant pas à associer à des noms des adjectifs qui pourraient paraître inadaptés parce que souvent inemployés ainsi, mais qui, en fait, induisent une clarté remarquable pour la compréhension de l’idée sous-jacente.

Un livre déroutant, autobiographique, sincère, émouvant par moments puisqu’il nous livre par petites touches l’impossibilité de se faire aimer par sa mère, n’omettant pas l’autodérision, mais parfois assez lourd à suivre, comme l’impression d’avoir un interlocuteur bavard et emporté, qui ne nous emporte pas toujours d’ailleurs, mais dont on garde un bon souvenir, et dont on admire malgré tout l’éloquence.

Dany Venayre
( Mis en ligne le 11/11/2011 )
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