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Littératureet Romans & Nouvelles  

Grosse
de Isabelle Rivoal
Le Dilettante 2012 /  19 €- 124.45  ffr. / 254 pages
ISBN : 978-2-84263-691-3
FORMAT : 14,1cm x 20,6cm

Un corps...

Curieuse photo de couverture que celle de ce livre : on s’attend à un cliché de rondeurs et on est perplexe devant une montagne de plis devant laquelle on peine à reconnaître un bras, un ventre, un sein, une cuisse ? Il y a une logique, cette photo (montage ?) est vraiment le reflet du corps hallucinant d’Adèle devenue impotente à force de kilos.

L’auteure raconte le quotidien de cette femme, engluée dans son poids, ne marchant plus, incapable de passer par une porte, dont on doit faire la toilette, gavée par son compagnon Antoine qui aime ce «corps». Elle intercale dans son récit les souvenirs d’enfance d’Adèle, qui expliquent pour partie l’aboutissement étrange de cette mort corporelle.

L’étrangeté est aussi dans le style, doux, compatissant, non-voyeur, presque en empathie avec ce cheminement d’enfermement physique et mental, finissant par rendre normale cette démarche, qui devient peu à peu invivable pour l’intéressée, pour Antoine, pour les gens alentour. Il faudra prendre conscience de l’incongruité de la situation, de l’obligation de déménager parce que le sol ne tiendra pas, d’envisager une autre vie ; ces pages de réflexion sur la survie arrivent tardivement pour clore étonnamment un livre dont on sent que la chute finale n’est pas la priorité.

Car la priorité, c'est la fascination exercée visiblement sur Isabelle Rivoal par les «grosses». Elle cherche à comprendre, elle est engloutie par cette interrogation sur l’absorption de nourriture, ses conséquences physiques et sexuelles. L’obésité ne s’accompagne pas toujours d’une représentation érotique, mais là, Adèle est tout sexe, toute féminité, en demande constante et épanouie. Sa plénitude de l’amour physique est longuement décrite, sans que le lecteur n’en soit troublé.

Issue du spectacle, de la danse, du trapèze, Isabelle Rivoal a sans doute le culte du corps et de son bien-être. Son étonnement quant à l’état de difformité d’Adèle lui a suggéré un premier roman qui n’est pas une condamnation directe et qui se lit agréablement malgré quelques outrances.

Dany Venayre
( Mis en ligne le 16/01/2012 )
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