Littérature
Romans & Nouvelles de Xavier de Moulins
Au Diable Vauvert 2012 / 17,50 €- 114.63 ffr. / 202 pages
ISBN : 978-2-84626-400-6
FORMAT : 13,2 cm × 19,7 cm
Voir la mer, une dernière fois…
Xavier De Moulins, journaliste, signe ici son deuxième roman, après Un coup à prendre
Au début du récit, Antoine assiste impuissant et contraint au remariage de son ex-femme, Alice, qu’il n’est pas arrivé à quitter réellement. Même s’il a refait sa vie avec Laurence, et fondé une famille recomposée avec ses deux filles et les deux fils de Laurence, famille qui semble équilibrée et sereine, Antoine est toujours attiré par son ancienne femme, dont il espionne la vie sur le compte Facebook de sa fille Alma. Entre ses deux femmes, Antoine apparaît comme des milliers d’hommes quarantenaires, immatures et insatisfaits, cyniques et légèrement misogynes : «Pourquoi les femmes sont-elles incapables de rester belles et bronzées après une césarienne et la naissance de leur deuxième enfant ?".
Il nous agace, Antoine, avec sa double vie, et surtout sa parfaite inadaptation à un bonheur que beaucoup lui envieraient. Il nous énerve jusqu’à l’apparition de sa grand-mère, Mouna, qui est devenue bien malgré elle sa confidente après son divorce. Et c’est elle, Mouna, au crépuscule de son chemin, qui va donner des leçons de vie à son petit-fils trop gâté par une existence qu’il ne parvient pas à prendre à bras le corps ; sans jamais le juger, elle va lui montrer, par petites touches tendres et cruelles à la fois, que la vie qu’il mène (qui le mène ?) n’est pas si désespérante qu’il le pense.
Le cadre de cette relation naissante entre grand-mère et petit-fils, c’est un voyage clandestin, qu’ils entreprennent tous les deux, en cachette, vers la mer, qu’elle veut voir une dernière fois : «Mouna m’a piqué une cigarette et fume la fenêtre ouverte. Elle me fait signe de la suivre sur le balcon. Elle a l’air d’une reine dans sa robe de chambre un peu grande. C’est une soirée douce de printemps. Elle me demande sans me regarder : - J’aimerais que tu m’emmènes voir la mer. Ce sera pour moi peut-être la dernière fois». Entre la grand-mère qui a peur de mourir, et l’avoue, et le petit-fils qui a peur de vivre, et se le cache, va se tisser une relation toute de vérité, de tendresse et de bonheur, un bonheur condamné au retour de la vieille dame dans sa maison de retraite-prison et à son départ vers un monde que l’on dit meilleur.
Bien sûr, on tombe quelquefois dans les poncifs du genre «road-movie», avec le pèlerinage indispensable sur les lieux de la jeunesse de Mouna, là où elle dévoilera son secret à son petit-fils, avec aussi le caractère un peu trop philosophe et sage de la vieille dame, qui donne des «leçons de vie» à Antoine. Il n’en reste pas moins que la lecture (très rapide) de ce roman, très proche de ce que chaque lecteur pourrait ou aurait pu vivre lui-même, est un très agréable moment d’humour, de tendresse mêlée de tristesse et de vérité.
Michel Pierre
( Mis en ligne le 30/05/2012 )
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