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Un juif en cavale
de Laurent Sagalovitsch
Actes Sud - Domaine français 2013 /  19,80 €- 129.69  ffr. / 224 pages
ISBN : 978-2-330-01419-3
FORMAT : 11,5 cm × 21,7 cm

De retour chez soi…

Après Loin de quoi ? où il fuyait la France pour s’installer à Vancouver, et La Métaphysique du hors jeu, retour à la case parisienne, Simon Sagalovitsch est exfiltré vers Israël avec son improbable compagne Monika. Le troisième volet des aventures tumultueuses de Simon et de Monika donc : les deux héros doivent s’installer à Tel Aviv. Un nouvel épisode de la vie de cet aventurier malgré lui qui, entre deux intermèdes au lit avec l’insatiable Monika, découvre cette ville étrangère, ville étrange.

Il ignore tout de l’hébreu, tout des usages. Il déclame son entrée dans cette nouvelle vie sur le mode épique, et sa devise pourrait être : trop n’est jamais assez ! La démesure est la norme de ce récit volontairement bouffon qui évoque à la fois les Marx Brothers et Woody Allen. Laurent Sagalovitsch continue à entraîner son lecteur dans des phrases interminables, tours et détours jubilatoires.

Simon et Monika sont accueillis dans leur nouvelle vie par Moncef, l’épicier arabe au grand cœur dont les enfants vivent aux États-Unis. Progressivement, tandis que Monika adopte avec enthousiasme cette nouvelle vie et est adoptée avec un enthousiasme réciproque par les hommes du quartier, Simon trouve ses marques, s’apaise. Ses relations avec sa famille reprennent sur un mode plus détendu, assombries par la disparition de Judith, sa sœur qui met fin à son mal de vivre.

S’insérant progressivement dans son nouveau milieu, il devient entraineur d’un club de foot amateur, associé à un mystérieux Juan, qui change son nom de Simon Sagalovitsch en celui de Michel Marin, plus plausible à ses yeux pour entrainer des footballeurs français, et lui construit des références et un passé glorieux sur internet. L’aventure peut commencer avec «l’Association sportive des Français apatrides déportés en Israël, l’ASFADI, du nom que nous décidâmes de donner à cette équipe promise à un brillant avenir» (p.152), et Simon, Juan, Moncef, Monika, les parents de Simon en France, tous rêvent de victoire...

Victoire, défaite, peu importe au fond, ''Juif en cavale'', Simon découvre les charmes de Tel Aviv, l’exilé est de retour chez lui : «(…) et soudain je compris que j’étais déjà venu ici, que ma mémoire aussi altérée fut-elle, se souvenait de ces marches antiques que mes arrière-arrière-arrière-grands-parents avaient accomplies depuis leur sortie d'Égypte jusqu’à cette arrivée dans cette terre tant promise, tant attendue, tant convoitée, que quelque part j’étais né ici, que c’était ici que mon histoire avait commencé et que c’était ici qu’elle s’achèverait».

On retrouve intact l’humour déjanté des deux livres précédents : un joyeux moment de lecture.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 06/02/2013 )
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