Littérature
Romans & Nouvelles de Ariane Schréder
Editions Philippe Rey 2013 / 17 €- 111.35 ffr. / 216 pages
ISBN : 978-2-84876-244-9
FORMAT : 14,5 cm × 19,0 cm
Le silence de Clara
Clara a 32 ans ; depuis de nombreuses années, elle vit avec Barnabé, compagnon de vie et de travail, avec qui elle construit et joue des pièces de théâtre de marionnettes. Clara sculpte de ses mains les marionnettes qui servent au spectacle ; Barnabé joue les spectacles. Le domaine de Clara, c’est le silence de l’artiste dans son atelier ; celui de Barnabé, c’est la parole de la scène.
Lorsque Barnabé la quitte un matin pour une directrice de théâtre, c’est l’amour qui prend la fuite, mais ce sont aussi les mots de Barnabé qui la laissent dans le silence. Elle décide alors de fuir Paris, pour se retrouver dans un village inconnu, où elle loue une grande maison qui lui servira de repaire solitaire et d’atelier. Dans sa solitude, de rares rencontres la guideront vers une renaissance ; c’est Omar et sa chienne Belle, vieil homme solitaire du voisinage, avec qui elle échange «le peu de mots qui lui restent» ; c’est Ameline, une pharmacienne du village voisin, avec qui elle a des discussions «de femmes» qui la laissent sur sa faim ; c’est «L’Adorateur», un homme-sauvage, qui ne parle pas plus que Clara lors de leurs rencontres des bords de Loire ; c’est Lise, la seule amie parisienne avec qui elle a gardé contact, qui tente de la ramener périodiquement à la civilisation ; c’est enfin un petit chaton, Plume, qu’elle adopte pour compagnon de vie.
On adopte volontiers le silence et la solitude de Clara, le faux rythme de l’artiste en quête d’inspiration ; les mots d’Ariane Schréder sont comme les sculptures de Clara, aériens et éphémères – Clara sculpte principalement des insectes, faits de minces armatures blanches de métal. La nostalgie présente dans le livre ne s’apparente pas à de la tristesse, mais à une recherche de Clara sur elle-même, sur ce qu’elle a pu faire d’erreurs dans sa vie et sur les trahisons qui ont émaillé son chemin. On est proche, dans le style de l’écriture, d’une pureté qui confine à un dépouillement qui nous mène à l’authentique.
«Je n’ai pas la prétention d’être une grande artiste. Ni d’être un jour reconnue. Je ne vois pas comment ajouter au monde tel qu’il est, plein comme un œuf, encore moins comment introduire du nouveau. Je le peuple simplement à ma manière, pour qu’il me soit habitable. Je le recrée, et c’est ce que cherchent ceux qui parfois m’achètent des sculptures. Ils voient l’ensemble, et en emportent un morceau» (p.107).
Ariane Schréder vit à Paris. Elle est normalienne et agrégée de Lettres modernes. La Silencieuse est son premier roman publié.
Michel Pierre
( Mis en ligne le 25/02/2013 )
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