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Littératureet Romans & Nouvelles  

Une vie plus une vie
de Maurice Mimoun
Albin Michel 2013 /  15 €- 98.25  ffr. / 200 pages
ISBN : 978-2-226-24515-1
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

La vie susurrée

Marcel Mimoun s'est tout d'abord fait connaître en littérature en 1996 avec L'Impossible limite : Carnets d'un chirurgien (1996) puis S'empêcher d'en faire trop : Carnets de mission (2004), tous deux chez Albin Michel. L'auteur est un chirurgien, comme le rappelle Milan Kundera à qui l'on doit ici la quatrième de couverture : "Maurice Mimoun est un chirurgien fameux, aimé fidèlement par ceux qui grâce à lui ont pu retrouver leur apparence physique même après les plus désastreuses blessures. A la compétence médicale est liée chez lui une exceptionnelle connaissance de la vie ; c est grâce à elle que ce livre a pu naître : le vrai roman d'un vrai romancier. Dans ses personnages il ne faut pas chercher quelque autobiographie dissimulée, mais les grands thèmes de l’existence humaine : le corps, la douleur, l’amitié, la peur, la fatigue, la fidélité, la trahison, la vieillesse... Et la mort - avec une étonnante imagination onirique il s’interroge : sera-t-il possible un jour de la chasser de nos vies ?»

On comprend ce qui a séduit Milan Kundera dans ce roman dépouillé et beau jusqu'à sa simplicité, la plus extrême simplicité. Il n'y a pas ici de style ronflant qui, comme des rubans, vous ensorcèle dans des phrases, parfois au détriment de la narration. Au contraire, les phrases sont courtes, simples, visant l'essentiel de ce qui constitue l'existence même, au-delà de toute politique, de tout sentimentalisme, de tout jargon. Un «non-style», pourrait-on dire sans être péjoratif, pour laisser transparaître les thèmes dans leur plus pure essence. Une écriture dans sa plus pure expression, aussi évidente que de laisser couler de l'eau fraîche entre ses doigts. Comme si l'auteur visait à travers cela à nous dégager des brumes médiatiques pour étaler là, devant nos yeux, la matière même de nos vies.

L'histoire n'est pas là pour éblouir le lecteur. Elle parle principalement de trois personnages : une femme, Rania, et deux hommes, Simon, un chercheur en cancérologie, et Tom, un homme d'affaires. Ils se connaissent depuis l'enfance. Rania s'est mariée avec Tom après une vie quelque peu libertine, et Simon mène sa vie de son côté avec Louise avant de se séparer d'elle.

Ce qui transparaît dans ce roman qu'il faut lire lentement pour ne rien rater est l'attachement indéfectible de ces êtres entre eux malgré l'ambiguïté de leurs relations. Ce sont des amis (les amis ne se comptent que sur les doigts d'une main) que la rivalité taraude. Où il est aussi question de jeux comme «La clef d’or» ou «La mise à nu magnifique», où l’on parle encore de la timidité des arbres. Nous n’en dirons pas plus...

Maurice Mimoun n’étale rien ; c’est au lecteur de lire entre les lignes tant les non-dits, les allusions abondent pour qui sait les deviner. Tout est donc feutré dans les situations, un infini intime murmuré comme un secret qu'on vous susurre dans le creux de l’oreille.

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 27/05/2013 )
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