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Littératureet Romans & Nouvelles  

La Route de Beit Zera
de Hubert Mingarelli
Stock 2015 /  16 €- 104.8  ffr. / 156 pages
ISBN : 978-2-234-07810-9
FORMAT : 13,5 cm × 21,5 cm

Limes

Hubert Mingarelli détient un indéniable talent de conteur, cet art de la simplicité habillée de poésie, orfèvrerie de peu de mots. Pour dire les douleurs humaines, la solitude, la culpabilité, la mélancolie. Mais aussi la fraternité, la tendresse - toujours pudique -, le pardon. L'art aussi de coudre des récits sur une trame où le temps n'est pas cette surface uniforme mais une matière plastique, sculptée par pièces rapportées, un puzzle savamment décomposé pour un ré-assemblage à l'effet... boeuf.

Sur ce canevas et de main de maître, il n'a plus qu'à conter son histoire. Ici, celle de Stepan le solitaire, ce tendre taiseux assemblant ces boîtes en compagnie d'une chienne en fin de vie, de Samuelson, ami de toujours, compagnon des cuites sous la véranda, du jeune Amghar, l'enfant mutique venu de Beit Zera, petit arabe pour qui il finit par se prendre d'affection. Et l'absent, le fils, Yankel, qui a fui Israël pour l'ailleurs austral, pour fuir un crime, avec l'aide de Stepan et de Samuelson.

Le Lac de Tibériade orchestre la danse des saisons, au-dessus de forêts de pins rouges et d'Eucalyptus abritant la cabane de Stepan. Le ciel joue avec les coeurs, des oiseaux passent. Il va falloir mettre un terme aux souffrances de la chienne. Et le fils manque, d'une douleur infinie.

Tout est frontières, tout est question d'ici et d'ailleurs, de soi et de l'Autre, la vie et la mort. De limes plutôt, bandes dont l'épaisseur met en scène la séparation, servent de transit, obstacles et passerelles à la fois : l'orée d'un bois, le seuil d'une maison, la route conduisant au village lointain, un tiroir qu'on ouvre pour en extirper l'arme..

Thomas Roman
( Mis en ligne le 04/05/2015 )
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