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Littératureet Romans & Nouvelles  

Meurtres à la pause-déjeuner
de Viola Veloce
Liana Levi 2015 /  18 €- 117.9  ffr. / 247 pages
ISBN : 978-2-86746-776-9
FORMAT : 14,5 cm × 14,0 cm

Fanchita Gonzalez Batlle (Traducteur)

Meurtres en série

Francesca Zanardelli, jeune comptable trentenaire, est une des dernières à avoir obtenu un contrat à durée indéterminée dans une grande entreprise milanaise et elle ne veut à aucun prix perdre sa place. Célibataire (son fiancé l’a abandonnée la veille du mariage), elle s’ennuie ferme derrière son bureau du service «planification et contrôle» ; son travail de comptabilité est soporifique. Ses collègues sont incolores, parfois désagréables, à croire que la direction les lui impose du fait de sa gentillesse et de sa patience. Le climat de l’entreprise est délétère, dominé par un directeur particulièrement pervers et fourbe.

Un jour, après le déjeuner, elle va aux toilettes et aperçoit sa collègue de bureau Marinella Sereni allongée dans une position peu naturelle... une corde blanche autour du cou, raide morte. C’est la panique dans la société ; qui pouvait bien lui en vouloir au point de l’étrangler, elle, une employée transparente et un brin retardée ? Bien sûr, elle ne savait se servir d’un ordinateur que pour faire des réussites toute la journée et était plutôt désagréable avec ses collègues - dont Francesca -, mais de là à la tuer ! Les employés sont paralysés par la peur ou déchaînés par l’affolement. Y aura-t-il une prochaine victime ? «Est-ce un tueur en série (…). Si c’est le cas, personne ne dormira tranquille dans l’entreprise Homicides» (p.49).

La police enquête sans succès, Francesca s’improvise détective et se renseigne sur ses collègues qu’elle ne connaît pas beaucoup mais qu’elle arrive à soupçonner. Qui sera la prochaine victime ? Le directeur, autoritaire et à demi-fou, essaie d’impressionner les pauvres employés traumatisés par le crime en les menaçant d’une réorganisation totale ; il ferait un bon coupable, d’après Francesca, et dans le doute elle lui tend un piège. Même le puissant syndicat populiste est mis sur la touche.

Viola Veloce dépeint avec aisance et beaucoup d’humour une grande entreprise semblable à celle où elle travaille à Milan ; elle écrit d'ailleurs sous un pseudonyme, ne voulant absolument pas être reconnue. Elle a d’abord publié le roman sur Internet ; elle connaît parfaitement le monde qu’elle décrit, les mesquineries et les bassesses des collègues, maîtrisant parfaitement l’étude de caractères de cette fourmilière, hommes et ces femmes passant un tiers de leur journée enfermés ensemble. Le ton est amusant et ironique, le personnage principal pratique l’autodérision.

Ce roman policier est une parodie et une caricature de polar transalpin (giallo en italien) avec tous les ingrédients, de la victime au suspect, de la police dépassée à la détective amateur, dans une tonalité plaisante qui ridiculise les méchants, surtout le Directeur qui représente le haut de la hiérarchie, l’autorité. Un hommage aux sans-grades qui travaillent toute leur vie pour une retraite de misère.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 11/05/2015 )
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