L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

Phénix
de Raymond Penblanc
Christophe Lucquin Editeur 2015 /  20 €- 131  ffr. / 222 pages
ISBN : 978-2-36626-040-3
FORMAT : 13,0 cm × 19,0 cm

L’auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française et professeur certifié en Lettres Modernes. Il enseigne actuellement les lettres et la philosophie en Allemagne, à l’Ecole Européenne de Karlsruhe. Visiting Scholar de ReFrance (Nottingham Trent University), il vient de publier en collaboration avec Jean-Pierre Boulé Hervé Guibert, l'écriture photographique ou le miroir de soi (PUL, 2015). Il a cofondé les sites herveguibert.net et autofiction.org.

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Le narrateur de Phénix, septième livre de Raymond Penblanc, est un jeune garçon qui, selon les mots de la quatrième de couverture, «chante avec une voix d’ange, jongle en s’imaginant voler, grimpe au sommet des arbres pour se rapprocher du ciel». Pas d’oiseau mythologique ici, mais plutôt un être à part qui aspire au religieux, au sacré et souhaite «s’arracher à la gravitation universelle», comme un simple oiseau.

Mais qu’il est difficile d’y échapper, à cette gravitation, quand ceux qui entourent Perceval – ainsi que dit se nommer le narrateur –, le retiennent et l’enchainent à la basse médiocrité de la vie. Son frère Roland mais aussi Roundup, Fauder(che) ou encore Mongin humilient le jeune garçon, le molestent : crachats, vexations, quolibets, maltraitance physique… La mère est là, mais absente, fantomatique. Le père, lui, a déserté les lieux.

Que reste-t-il alors à cet enfant ? La nature, un arbre mort dans lequel il dépose des offrandes, sa voix d’ange qui lui permet «de grimper toujours plus haut», comme s’il pouvait par le chant échapper à «notre galaxie», des rencontres, celle avec Farid-Max qui lui fait découvrir le théâtre de Jarry, Istvan qui lui apprend à jongler ou Ida, qui l’initie à des voluptés plus charnelles… Il lui reste aussi ce magnifique onirisme, cette capacité à transfigurer le monde qui l’entoure, comme pour s’en sauver.

Phénix est en même temps un roman initiatique, picaresque, onirique et lyrique. C’est un roman ascensionnel, celui d’une transformation, d’une quête, d’une fuite. C’est l’histoire d’un jeune garçon qui voulait s’évader, s’échapper, se faire autre. Renaître de ses cendres… Phénix est assurément un beau roman.

Arnaud Genon
( Mis en ligne le 15/07/2015 )
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