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Littératureet Romans & Nouvelles  

L’Enfant qui mesurait le monde
de Metin Arditi
Seuil - Points 2017 /  7,10 €- 46.51  ffr. / 264 pages
ISBN : 978-2-7578-6448-7
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Première publication en avril 2016 (Grasset)

Possibilité d'une île

Romancier francophone d'origine turque, physicien de formation, Metin Arditi est l'auteur de plusieurs romans (entre autres, Le Turquetto, La Confrérie des moines volants) ; L'Enfant qui mesurait le monde est une fable contemporaine qui se passe dans une île grecque à l'heure de la faillite économique et des pressions bruxelloises. Dans l'île de Kalamaki, îlot qui semblait à l'abri des pressions et de la crise, protégé par sa pauvreté séculaire, la modernité s'invite sous la forme d'un projet immobilier qui transformerait la baie en vaste marina.

Jusque-là unis, les habitants se divisent, d'autant qu'un autre projet surgit au même moment : celui d'une école idéale, réservée aux boursiers occidentaux qui puiseraient au meilleur de la philosophie grecque classique : deux univers radicalement opposés ! L'habileté de Metin Arditi est d'inventer une troisième voie entre le capitalisme débridé et l'idéal détaché des réalités du monde.

Autour de cette intrigue, il campe une société composée de personnages divers : des hommes politiques corrompus autant que naïfs, une journaliste à la fois cynique et idéaliste, et surtout les habitants de l'île, Andreas le maire, constructeur de bateaux, Eliot l'architecte américain d'origine grecque dont la fille est morte accidentellement dans le théâtre antique de l'île alors qu'elle cherchait le Nombre d'Or et le mystère de la beauté de l'architecture, Kosmas, le pope, amateur de théâtre, qui mène une vie secrète, Grigoris, le cafetier au grand coeur.

Tous ces personnages, à qui Metin Arditi donne une réelle épaisseur, sont unis par ''l'enfant qui mesurait le monde'' : Yannis, fils de Maraki et d'Andréas (qui se sont séparés), autiste obsédé de calculs et hypermnésique, tient l'île sous sa surveillance mystérieuse, s'efforçant que son ordre ne soit pas bousculé... jusqu'au jour où... On ne dévoilera pas ici l'évolution de l'intrigue de ce roman qui est aussi un roman d'apprentissage, davantage peut-être que de dénonciation des méfaits de la société de consommation sur une société insulaire de la pénurie à l'abri jusqu'ici de ses méfaits.

Metin Arditi est président à Genève de la Fondation Pôle Autisme, et son roman est un plaidoyer invitant à mieux regarder les autistes et à leur accorder une pleine place, car, à leur façon, ils contribuent à l'équilibre du monde, autant que le Nombre d'Or... Un roman qui, certes, convoque des poncifs et des bons sentiments, la corruption des hommes politiques, l'éternel combat entre matériel et spirituel, l'autiste nécessairement syndrome d'Asperger, la journaliste au service de la vérité, etc., mais d'une lecture aisée, avec des personnages émouvants.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 09/06/2017 )
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